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Carnaval à Genève
La France a donc participé à la Conférence de Genève, dite Durban II. A-t-elle eu raison de le faire et de se distinguer ainsi de l’attitude prise en l’occurrence par des pays comme, entre autres, les Etats-Unis, l’Allemagne, la Hollande ou l’Italie ? La question est désormais dépassée, donc de simple rhétorique. Nous continuons à penser quant à nous qu’un refus pur et simple de la part de notre gouvernement de participer à une telle mascarade aurait constitué un message clair et sans ambiguïté : il n’est pas question, pour la France, de fermer les yeux sur ce qui se prépare à Genève et d’assister, une fois de plus, à la provocation de la haine contre l’Etat d’Israël.
Au lendemain de l’adoption de la déclaration finale, Mme Rama Yade, Secrétaire d’Etat aux droits de l’homme, affiche sa satisfaction et annonce qu’il s’agit là d’une « victoire sur l’obscurantisme ». Chacun appréciera, en conscience, s’il s’agit là d’une réelle victoire des démocraties contre les dictatures et les totalitarismes.
Et à supposer qu’il s’agisse d’une victoire, nous resteront en vérité au travers de la gorge les honneurs – impudiques, surréalistes, insultants – avec lesquels Mahmoud Ahmadinejad a été reçu à Genève. Il y a dans le spectacle que nous a offert ce Durban II quelque chose qui met véritablement mal à l’aise. Malaise de voir ces curieux démocrates qui affirment vouloir combattre avec énergie pour le respect des droits de l’homme et qui, dans le même souffle, se prosternent, sans honte et apparemment sans problème de conscience, devant des dictateurs corrompus et des chefs autoritaires. De qui se moquent-ils en vérité ?
Ces curieux démocrates sont incapables de repérer les dangers qui guettent notre monde et de nommer le Mal.
La réunion de Genève nous a fait l’effet d’un carnaval où la haine s’est, une fois de plus, polarisée sur l’Etat d’Israël.
N’est-ce pas carnaval que de voir des pays qui violent allègrement, jour après jour, les droits de l’homme s’ériger, toute honte bue, en défenseurs de la démocratie ?
Et que l’on ait, une fois de plus, affiché mezzo voce des opinions niant la Shoah, le jour même où les juifs se recueillaient avec le souvenir de leurs six millions de morts accentuait encore plus cet aspect de carnaval.
Les démocraties nous donnent parfois l’impression d’être prêtes à accepter n’importe quoi. Qui disait qu’un jour elles achèteront à leurs ennemis la corde avec laquelle elles seront pendues ?
Joël
Mergui |
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