Après
la destruction du 1er Temple en -586, le peuple juif se retrouva
exilé en Babylonie qui devint l’empire perse par
la conquête de Darius. Vers la fin de cet exil, sous le
règne d’Assuérus (Xerxès), la communauté
juive fut mise tragiquement en péril à cause du
projet maléfique du 1er ministre Aman. Pourim rappelle
la grande délivrance que connurent nos ancêtres.
Ce
qui devait être un jour d’extermination dans l’esprit
d’Aman devint, pour toutes les générations
d’Israël, un jour de joie et d’allégresse,
jour de louanges à l’Eternel et de solidarité
communautaire.
Le miracle fut si grand que nos sages zal instituèrent
une nouvelle fête dans le calendrier, et lui consacrèrent
un traité entier du Talmud : Le traité Méguila,
le traité du Rouleau.
Pour
mieux comprendre Pourim
• POUR (pluriel POURIM) signifie tirage au « sort
». Ce terme d’origine acadienne ou assyrienne, fait
référence au tirage au sort qu’effectua
Aman, pour fixer la date propice au massacre des Juifs, celle
du 14 adar.
•
Aman, consultant du roi, refuse la singularité juive.
Il invente le discours antisémite : « ils sont
partout et ils vivent entre eux »; et décide d’exterminer
la communauté le 14 du mois d’adar. Mais le roi
vient d’épouser Esther, la cousine de Mordékhaï,
qui n’a pas révélé ses origines juives.
Grâce à son intervention, l’infâme
décret est annulé, le peuple se défend
et Aman périt.
• La particularité du livre d’Esther est
de ne pas mentionner une seule fois le nom divin, pour nous
signifier que l’Eternel est caché dans l’histoire
des hommes.
D'une
délivrance à une délivrance
Les
fêtes de Pourim et Pessah sont liées, parce qu'ils
rappellent nos délivrances. A Pessah D. intervint de
manière manifeste, à Pourim, D. était caché,
mais Sa puissance se révéla à travers Esther
et Mardochée.
Ces deux solennités sont de plus reliées par quatre
Chabbat particuliers, qui ressemblent à des étapes
qui mène du miracle voilé (Pourim) au miracle
dévoilé (Pessah).
Quatre
Chabbat pour sortir d'Egypte
-Chabbat
Chékalim (les sicles)
Samedi 21 février, nous sortirons 3 rouleaux de la Torah
: dans le premier, nous lirons la paracha Michpatim, dans le
second Chékalim.
Chékalim
(Exode XXX, 11à 16) et sa haftara (II Rois XI, 17 à
XII, 17), nous rappellent que chaque enfant d'Israël devait
donner, à l'époque du Temple, sa cotisation annuelle
pour l'achat des sacrifices du Temple, avant nissan.
-
Chabbat Zakhor (Souviens-toi)
Samedi 7 mars, nous sortirons deux rouleaux de la Torah : Dans
le premier nous lirons Tetsavé et dans le second Zakhor
" Souviens-toi de ce que t'a fait Amalek "(Deut. XXV,
17 à 19) et comme haftara I Samuel XV, 1 à 34.
Amalek était l'ancêtre d'Aman. Le peuple Amalécite
attaqua lâchement le peuple d'Israël à peine
sorti d'Egypte en s'en prenant aux plus faibles. Son seul but
fut l'anéantissement total du peuple juif.
Règles concernant le Chabbat Zakhor
L'obligation
de lire et d'écouter cette paracha est ordonnée
par la Torah (midéoraïta). Ainsi, on l'écoutera
attentivement, en essayant de comprendre chaque mot ou tout
au moins le sens général du texte.
Les
communautés séfarades ont l'habitude de lire le
beau poème " Mikamokha " de Rabbi Yéhouda
Halévy.
-
Chabbat Para (Vache rousse)
Samedi 14 mars, nous sortirons deux rouleaux de la Torah : Dans
le premier nous lirons Ki Tissa et dans le second la paracha
de la vache rousse (Nombres XIX, 1 à 22) qui rappelle
les rites de purification avant Pessah. Que l’Eternel
reconstruise très prochainement notre troisième
Temple !
-
Chabbat Hahodech (ce mois-ci)
Samedi
21 mars, qui est le dernier chabbat avant Nissan, nous sortirons
deux rouleaux de la Torah : Dans le premier
nous lirons Vayakel-Pékoudé et dans le second
"ce mois-ci sera pour vous le premier des mois de l'année"
extrait de Exode XII, 1 à 20. Ce passage rappelle que
Nissan fut décrété début de l'année
hébraïque, et mentionne les mitsvot de Pessah.
Le
7 Adar : le jour de Moché
Le
7 adar célèbre l’anniversaire de la naissance
et de la disparition de Moïse (Moshé Rabbénou
alav hachalom). Cette année le 7 adar tombe le mardi
3 février. Depuis plusieurs années, le Consistoire
de Paris a proclamé ce jour : yom ha limoud, journée
de l’Etude.
Le Midrash rapporte que Mordékhaï rassembla tous
les enfants de Suze pour étudier et montrer à
Aman que le peuple d’Israël restait vivant par sa
Torah.
Le
Grand Rabbin de Paris encourage les hommes, les femmes et les
enfants des communautés à se rassembler autour
de leur rabbin pour consacrer cette journée à
l’étude (Talmud, Midrash ou Halakha).
Certains lisent, après Chaharit, les psaumes 90 à
100, attribués à Moïse.
Ce
jeûne évoque la conduite des soldats juifs des
127 provinces d’Assuérus qui jeûnèrent
avant les combats qu’ils durent mener contre leurs ennemis.
Par leur conduite de piété, ils soulignaient qu’ils
ne se battaient pas par haine (« Quand ton ennemi tombe,
ne te réjouis pas ! ») mais pour défendre
leurs familles d’une destruction totale et pour leur fidélité
à la Torah.
Ce jeûne rappelle aussi que le véritable combat
n’est pas celui des armes (même s’il faut
parfois le mener), mais la guerre intérieure contre son
mauvais penchant.
Du fait que ce jeûne est d’institution rabbinique,
les personnes malades, les enfants, les femmes enceintes et
celles qui allaitent et pendant les deux ans qui suivent l'accouchement,
sont dispensés du jeûne. Dans le doute consulter
un Rav.
Le
demi-sicle ou mahatsit hachékel
Pourquoi
?
En souvenir du demi-sicle d'argent (mahatsit hachekel) donné
par les adultes à l'époque du Temple de Jérusalem
pour l'achat des sacrifices publics. L'usage s'est répandu
de donner trois demi-sicles, en référence aux
trois prélèvements
mentionnés dans la paracha de Chékalim.
Aujourd’hui
nous faisons des dons pour les œuvres communautaires (ACIP,
Talmud Torah, Synagogue, œuvres sociales, etc.)
Combien
donner pour chaque demi-sicle ?
- Soit l'équivalent de 10 g d'argent
- soit 3 pièces marquées du demi de la monnaie
du pays, c'est-à-dire 3 pièces d'un demi-euro.
Qui
donne ?
Tout d'abord les hommes de plus de vingt ans, comme mentionné
dans la Torah, qui étaient en général des
chefs de famille. Toutefois, puisqu'il ne s'agit que d'un souvenir,
l'habitude s'est répandue que chacun donne sans distinction
de sexe ou d'âge, afin de multiplier la tsédaka
(" Et Sion sera racheté par la tsédaka ").
C'est
la première mitsva de Pourim. Pour donner plus de solennité
à l'évènement, nos sages zal ont exigé
que la lecture se fasse à partir d'un parchemin kasher
et non d'un livre. Une manière de rappeler que le peuple
juif accepta de nouveau la Torah à Pourim comme au Sinaï.
Qui
?
Chaque membre de la communauté doit écouter la
Méguila, hommes, femmes et enfants, car tout le peuple
était en danger à l'époque d'Aman.
Où ?
Il est souhaitable de l'entendre à la synagogue en présence
de nombreuses personnes, car la gloire de l'Eternel est grandie
par la foule des fidèles, mais on peut aussi la lire
partout et même sans Minyan si on est, par exemple, en
déplacement.
Les
clameurs
L'habitude s'est répandue de faire du bruit quand on
cite le nom de Aman. Cependant ce chahut devra être supprimé
après la mention de sa mort (car, quand ton ennemi tombe,
ne te réjouis pas). Cependant, ce chahut ne doit pas
empêcher l'audition de tous les mots de la Méguila.
Concentration
On pense à se rendre quitte de la mitsva en écoutant
attentivement le texte, et bien sûr sans s'interrompre
par toutes sortes de bavardages.
Il est bon de travailler la traduction du texte avant Pourim,
car la compréhension du texte aide à rester concentré
pendant toute la lecture.
Bénédictions
On ne répond pas baroukh hou ou baroukh chémo
(qu'Il soit béni et que Son nom soit béni) en
écoutant les bénédictions récitées
par l'officiant, car cela est considéré comme
une interruption (hefsek).
En écoutant la bénédiction chéhé'héyanou
(pour un événement nouveau), on pense aussi à
l'accomplissement de l'ensemble des mitsvot de Pourim : Cadeaux
aux amis, dons aux pauvres, festin.
Il faut être dix (minyan) pour réciter la bénédiction
finale, ici les femmes peuvent compter dans ce quorum.
Attention
!!
On
ne peut pas écouter la Méguila ni à la
radio (même dans une émission en direct), ni par
téléphone, ni par CDRom. C’est la voix humaine
qui doit être directement entendue.
Les personnes n'ayant aucune possibilité de se rendre
dans une synagogue pour entendre la lecture suivant ces règles,
liront le Hallel, les psaumes 113 à 118, sans la bénédiction
et le livre d’Esther dans un texte imprimé.
Amida
et birkat hamazone
On
intercale le texte al hanissim (pour les miracles) dans chaque
amida, ainsi que dans le birkat hamazone (les actions de grâces
après le repas). Dans tous les cas (amida et birkat hamazone),
si on a oublié ce rajout, on ne recommence pas la prière.
Le psaume du jour est le XXII : "le juste poursuivi par
les méchants et délivré par l'Eternel."
Paracha
Dimanche 4 mars au matin, on lira dans la Torah Exode XVII 8
à 16. Chez les séfaradim on répète
le dernier verset afin d'avoir un minimum de 10 versets.
Hallel
Contrairement à Hanouka, on ne récite pas le Hallel
pendant Pourim, certains l'expliquent par le fait que le miracle
eut lieu en dehors d'Israël, d'autres parce que la délivrance
fut relative, étant donné que la Judée
restait sous domination perse. On ne récitera pas non
plus les supplications (tahanounim) à Pourim, car c'est
un jour de réjouissance.
Michloah
Manot / Envoi de mets
Afin
de développer le sentiment de solidarité et d'amitié
entre les familles de la communauté, nous accomplissons
la mitsva de l'envoi de mets, qui consiste à offrir,
un homme à un homme, une femme à une femme, un
plat contenant deux aliments différents, immédiatement
consommables. On est quitte de son devoir vis-à-vis d'une
personne, mais le nombre d'envois n'est pas limité. On
accomplira cette mitsva durant la journée du dimanche
4 mars.
Matanot
laaniyim / Dons aux pauvres
On
doit faire des dons à au moins deux pauvres en ce jour
de fête, constitués soit en argent soit en nature.
Ce don doit avoir la valeur d'un repas normal. Le pauvre doit
pouvoir en profiter le jour même. Ainsi, les dons en chèques
ou en CB aux institutions sociales ne peuvent être considérés
comme mitsva du jour, sauf s'il n'y a pas de pauvres dans la
région.
On ne fera pas de différence entre un pauvre juif ou
un pauvre non-juif, quiconque tend la main doit recevoir.
Michté
/ le festin
Si le repas occupe une place centrale dans le judaïsme,
à Pourim, le repas est aucœur de l'intrigue. La
Méguila débute avec le festin d'Assuérus
et celui de Vachti, le roi offre un festin pour la nomination
d'Esther, Esther en offre un puis un autre pour intercéder
auprès du roi, et tout se termine, on le devine, par
un festin. Le corps d'Israël était en danger, c'est
par le corps que nous rendrons grâce à l'Eternel
: en mangeant et en buvant (dans l'esprit de la Torah bien évidemment).
On accomplira le festin de Pourim au repas de midi du mardi
10 mars. Certaines communautés organisent ce festin et
une fête des enfants. On pourra boire du vin plus qu'à
l'accoutumée, le sommeil dû à l'absorption
d'alcool entraînera l'impossibilité de distinguer
entre "maudit soit Aman" et "béni soit
Mordékhaï".