|
Editorial
du Président
Yom
Hashoah
Dimanche
prochain, le 11 avril, le peuple juif aura à cœur
de commémorer le souvenir des six millions des nôtres
délibérément assassinés par les
nazis et leurs collaborateurs. Yom Hashoah est ainsi devenu,
pour notre disgrâce, une des dates les plus malheureuses
de notre calendrier, à l’image d’un grand
Ticha Béav.
Yom
Hashoah est l’occasion pour nous de communier avec le
souvenir de nos défunts qui n’ont pas eu de sépulture,
de penser à ce qu’ont été leurs
douleurs et leurs souffrances, d’être fidèles
à leur mémoire mais aussi de réfléchir
à la signification qu’un tel événement,
aussi terrifiant soit-il, peut avoir pour notre destin commun.
Pour l’histoire du peuple juif qui est une tragédie
renouvelée, la Shoah est indiscutablement un summum
!
Un grand nombre de philosophes et de théologiens, juifs
ou non, ont tenté de trouver un sens à ce mal
absolu qui a pour nom Shoah.
Pour
certains, André Neher par exemple, « la Shoah
est impensable et incompensable ». Pour d’autres,
elle constitue un événement qui modifie fondamentalement
notre perception de l’homme et de l’histoire.
Un rabbin de New York Irving Greenberg écrit que «
désormais l’humanité doit vivre dans l’effroi
que suscite un monde où s’est incarné
le mal absolu ».
Sans doute la Shoah doit-elle rester, aujourd’hui encore,
une question sans réponse, une de ces interrogations
comme on en trouve dans le récit du prophète
Jérémie ou encore dans ceux de Job ou de Kohelet.
Nous qui, avec six millions d’épines dans nos
cœurs, sommes aujourd’hui une communauté
de rescapés – chéérit hapléta
ainsi que le dit notre liturgie - avons aujourd’hui
un double devoir : celui impérissable de donner dans
nos cœurs une sépulture à ces millions
de morts partis naguère en fumée dans le ciel
de l’Europe. L’autre devoir est aussi de faire
le serment de nous opposer, ici et maintenant et de toutes
nos forces, à la résurgence des forces du mal,
et à tous les projets visant à nier, minimiser
ou relativiser la Shoah.
Il
ne suffit pas pour nous de dire « plus jamais ça
» ou encore de garder le souvenir du mal absolu qu’on
nous a infligé au cœur même de la civilisation
européenne, voici quelques décennies. Il nous
faut aussi construire nos communautés afin qu’elles
restent fidèles à l’espérance et
à la recherche de la paix universelle.
Les
survivants de la Shoah et les témoins disparaissent.
On pourra de moins en moins voir des bras avec des chiffres
tatoués. Les négationnistes et autres révisionnistes
de l’histoire auront-ils désormais tout loisir
pour poursuivre leur travail de sape? Comment pourrons-nous
continuer à porter témoignage ? Voilà
un des défis auquel notre génération
aura à répondre.
Le
grand théologien juif canadien Emil Fackenheim a une
formule qui peut constituer pour chacun d’entre nous
une belle et utile leçon : « Une voix impérative
se fait entendre d’Auschwitz : interdiction absolue
aux juifs d’accorder à Hitler une quelconque
victoire posthume ».
Je
vous donne rendez-vous lundi 12 avril à 19h30 à
la synagogue de la place des Vosges. Venez nombreux !
|
|
|
|
Dov
ZERAH |
|
|
|
|
|
|
|
A
la fin de la seconde guerre mondiale,
le monde découvre l'horreur de la Shoah : 6 millions
de juifs exterminés dans d'atroces souffrances, soit
un tiers de la population juive mondiale.
La
Shoah fut la plus grande entreprise d'anéantissement
industriel jamais conçue, avec ses méthodes
scientifiques, son processus systématique de recherche
de victimes, sa mise en place d'une organisation bureaucratique
du crime, ses expérimentations médicales horribles.
|
Le
monde découvre ces camps d'internement, ces convois
de déportés transportés dans des
conditions inhumaines, dans des trains de marchandises
ou des wagons à bestiaux vers les camps de concentration
: Dachau, Struthof, Mathausen, Dora, Bergen
Belsen, Ravensbrück, Buchenwald, Flossenberg, Sachsenhausen,
Neuengamme...
...et aussi tous les camps d'extermination
spécialement conçus pour détruire
tous les juifs tombés entre les mains de l'Allemagne
nazie. |
Ces
noms qui ont sonné le glas de l'humanité
: Auschwitz, Birkenau, Maïdanek, Treblinka,
Chelmno, Sobibor, Belzec...
Leur seule évocation éveille en nous un
sentiment de révolte, car chaque instant du martyr
de nos frères et soeurs est à jamais inscrit
dans notre mémoire collective. |
|
Ainsi
ont péri assassinés des millions de juifs
sans sépulture, sans la moindre prière
La
mémoire de ce crime sans nom ne peut, ne doit être
effacée. Il faut garder à l'esprit que pendant
un temps, l'Homme avait cessé d'exister. Plus le moindre
sentiment d'humanité. Une éclipse totale. La
nuit la plus sombre, celle où tuer était la
règle absolue. Il fallait anéantir, faire en
sorte qu'aucune trace ne subsiste de ces victimes. Leur retirer
l'identité en les marquant d'un numéro n'était
pas suffisant, il fallait que leurs corps disparaissent et
que le vent de l'oubli emporte à jamais leurs cendres.
La
cérémonie du Yom Hashoah veha Gvoura
- Journée de la Shoah et de la Bravoure - a été
fixée au 27 nissan par la Knesset en
1951 pour commémorer les millions de personnes tuées
lors de l'Holocauste.
Ce
jour-là, un Kaddich s'élève à l'unisson
de toutes les synagogues du monde pour ceux qui sont partis
sans prière.
El
malé rahamim
Dieu
plein de miséricorde, Toi qui résides dans
les hauteurs, accorde un repos éternel, sous les
ailes de Ta providence, à l'instar des saints et
des purs qui brillent et étincellent comme la lumière
du firmament, aux six millions d'âmes d'Israël,
aux déportés et exterminés pendant
la Shoah, hommes, femmes, enfants, qui furent assassinés,
brûlés, dans les camps de la mort, en particulier
à :
Auschwitz-Birkenau,
Belzec, Chelmno, Sobibor, Maïdanek, Treblinka, Stuthof,
Dachau, Büchenwald, Mathausen
Par
la prière exprimée par notre communauté
pour l'élévation de leur âme, ô
Père miséricordieux, recouvre-les des Tes
ailes à jamais, que leur âme soit protégée
dans le faisceau de vie éternelle, que l'Eternel
soit leur héritage, que le souvenir de leur opprobre
ne s'efface jamais, et que leur mérite se pose
en permanence sur nous et sur tout Israël.
ô
terre ne recouvre pas leur sang, que leurs cris restent
vivants, qu'ils reposent en paix et qu'ils se relèvent
à la fin des temps, et disons amen. |
|
|
|