Aujourd’hui un peu d’auto-promotion.

J’ai le plaisir de présenter mes « Poèmes de Mémoire des Mondes Juifs Perdus », recueil édité chez Jean-Claude Taïeb. Il s’agit d’une forme d’anthologie personnelle qui regroupe un certain nombre de textes consacrés à « ces mondes qui ne sont plus » et que j’ai publiés au cours de ces 10 dernières années. Quelques extraits de la 4ème page de couverture pour se mettre dans l’ambiance : « Les poèmes, les uns après les autres, se peuplent de fantômes, …/… Au-delà de la nécessité d’une transmission de génération en génération, ce livre est une manière de rendre, rendre aux mondes passés l’essence qui leur a été prise et donner aux mondes futurs le sens dont on a voulu les priver… »

Pour vous donner un petit avant- goût, un texte  (Chanson pour Anna)

et l’adresse d’un site où vous pouvez m’entendre et me voir réciter certains de ces poèmes.

Chanson pour Anna

Anna me racontait la terre des ancêtres

L’ancienne oliveraie à l’ombre de l’Atlas

La grand-mère à cheval paradant sur la place

Et les vieillards blanchis balançant aux fenêtres

Anna me racontait le désert repoussé

Les lourdes robes rouge en velours brodé d’or 

Les châles précieux enveloppant les corps

Les murs peints à la chaux et le puits du passé

Anna, que faisais-tu à Vire

Toi dont la mère faisait cuire

Le pain, dans un vieux four de pierre?

Anna que faisais-tu à Vire

Toi qui taisais tes souvenirs

En vain, tes nuits étaient prières?

Elle est partie un jour au bras d’un fiancé

Et dans un grand navire elle s’est embarquée.

Nano la brune, Hanna la juive, Anna la dure

La voilà  seule à Vire, ivre de la rupture.

Anna belle et rebelle, affirmant son pouvoir

Nano triste et fidèle, accueillant dans le noir

Ces fantômes du soir qui reviennent vous voir

                   Revers de la mémoire.

A ton enterrement monteront tes racines

Quelqu’un récitera des psaumes en sourdine.

À ton enterrement, danseront des g’nawas

Qui entreront en transe en grande gandoura

Mon père sera là, te prendra par la main

Et il t’envolera vers ton pays lointain,

Et je verrais la cendre ensevelir la cendre

Au bout d’un geste tendre.

Présences illusoires,

Vieux fantômes du soir qui reviennent  vous voir

                   Douleur de la mémoire

Vieux fantômes du soir qui reviendrez me voir

                   Douceur de la mémoire.

         Charles Ebguy (Poème de mémoire des mondes juifs perdus, page 25)

Pour écouter :

Chanson pour Anna https://youtu.be/oPIA2_jNrQ0

Je dirai le Kaddich https://youtu.be/ejFQn1QzkeI

Retour à Marrakech https://youtu.be/jYF7iQOHEEk