Hommage aujourd’hui à un grand, très grand artiste, rescapé de 4 années dans les camps nazis et de 2 marches de la mort. Shelomo Selinger est un sculpteur franco-israélien mondialement connu, un dessinateur et maintenant un « écrivain » puisqu’il vient de publier un livre, « Nuit et lumière ; Des marches de la mort au chemin de vie ». Ses sculptures monumentales ornent les plus beaux « mémoriaux » de la Shoah, de Yad Vashem à Drancy, en passant par La Courneuve, Tel Aviv ou Haïfa.
Shelomo Selinger, juif polonais, est entré dans l’enfer nazi à l’âge de quatorze ans. En quatre années d’horreur, il a connu neuf camps de concentration et deux marches de la mort. Comment a-t-il pu survivre ? « L’instinct, le hasard, la fraternité. Et puis l’oubli », répond-il.
Une amnésie totale s’est en effet emparée de lui du jour même où il a été libéré. Elle l’a protégé pendant sept longues années des fantômes de la Shoah, et ne s’est dissipée que lorsqu’il est vraiment revenu à la vie par la grâce d’une double rencontre : celle de l’amour et de l’art.
Depuis, Shelomo Selinger ne cesse de témoigner par ses dessins et ses sculptures monumentales qui se dressent à Drancy, Luxembourg, ou dans l’Allée des Justes des Nations au mémorial Yad Vashem de Jérusalem.
Mais l’artiste chante aussi l’enfance, la femme, l’espérance qu’il incarne dans le bois et le granit. Il nous offre aujourd’hui un livre d’une grande beauté, , « Nuit et lumière ; Des marches de la mort au chemin de vie », (Editions Albin Michel) où sa voix, attachante et pleine de passion,a été accueillie par la romancière et poétesse Laurence Nobécourt, dont les mots humbles, doux, généreux, vibrants et ciselés ont su donner l’hospitalité aux étincelles de la mémoire.
Et dans ce livre, il déclare son amour inaltérable de la Vie : « Il n’y a rien de plus sacré que la vie. Même Dieu n’est pas aussi sacré. »
En ce jour de Pourim, où nous célébrons les actions d’Esther et de Mardochée pour sauver le peuple juif, il était juste de rendre hommage à une personne qui a eu la force de se sauver de Hitler, le Haman du XXe siècle.
Présentation du monument de Shelomo Selinger à Drancy
Les 3 blocs, posés sur la butte pavée, forment la lettre hébraïque shin ש traditionnellement gravée sur la mezouza apposée sur la porte des maisons juives.
Les 2 blocs latéraux symbolisent les portails de la mort, le camp de Drancy étant considéré comme « l’antichambre de la mort ».
Le bloc central est composé de 10 personnages, ce nombre étant nécessaire pour la prière collective (minyan).
Sur le devant : un homme et une femme incarnant la souffrance et la dignité.Au milieu, la tête d’homme avec un cube rituel sur le front (tefilin) symbolise la prière.En bas, deux têtes renversées symbolisent la mort.
L’arrière du Monument :
Les deux rangées de 7 marches vont en rétrécissant vers la porte de la mort. Elles symbolisent l’élévation des âmes des victimes tout comme les 7 degrés de l’enfer qu’ils durent subir avant la mort.
Des formes circulaires au bas de la sculpture, sont les flammes dévorantes et les flammes du souvenir.