Quel est le système économique du judaïsme ? En existe-t-il un ? Je le décrirais comme « un capitalisme avec une conscience ». En prônant la libre entreprise, la Torah est clairement capitaliste. Mais c’est un capitalisme conditionnel, et certainement un capitalisme compatissant.
Winston Churchill a dit : « Le vice inhérent au capitalisme consiste en une répartition inégale des richesses. Le vice inhérent au communisme consiste en une égale répartition de la misère. » Le judaïsme a quant à lui introduit un système de marché ouvert dans lequel le partage des bénédictions n’a pas été laissé au hasard et n’est pas demeuré un vœu pieux, mais a été rendu obligatoire. Notre paracha nous en donne un exemple classique.
La Chemita, imposait au propriétaire du terrain des règles et des règlements stricts. Aucune plantation, aucun élagage, aucun travail agricole la septième année, et tout ce qui poussait de soi-même était à la disposition de tous. Le propriétaire pouvait en prendre, mais ses employés, ses amis et ses voisins le pouvaient aussi. Dans sa propre terre, le propriétaire n’avait, la septième année, pas plus de droits qu’un étranger.
Ce n’est là qu’un des nombreux exemples du « capitalisme avec une conscience » du judaïsme. Celui-ci contient beaucoup d’autres obligations imposées par la loi en faveur des pauvres. Pas des contributions facultatives, pas même des recommandations pieuses, mais d’explicites cotisations obligatoires aux plus démunis. Les dîmes ainsi que l’obligation de laisser aux pauvres les coins non moissonnés de son champ, le glanage, et les gerbes oubliées font tous partie du système du capitalisme compatissant.
Le judaïsme présente ainsi un système économique qui offre le meilleur des deux mondes : les avantages d’un marché libre et sans entraves permettant l’expression personnelle et la prospérité engendrée par un travail dur, sans les inconvénients de la cupidité de la finance. Si la terre appartient à D.ieu, alors nous n’en avons pas la propriété exclusive. D.ieu nous accorde Ses bénédictions, mais, de toute évidence, le deal est que nous devons les partager. Sans la loi de la Torah, le capitalisme échoue. L’ambition effrénée et la soif d’argent et de pouvoir mènent à des monopoles et des conglomérats qui ne laissent pas de place pour autrui et creusent le fossé entre les nantis et les démunis. L’année sabbatique est l’un des nombreux mécanismes qui permettent à notre capitalisme de demeurer cachère et humain.
Soyez capitaliste, mais un capitaliste cachère. Ce qu’une personne « vaut » financièrement devrait être sans rapport avec le respect que vous lui accordez. Conservez les caractéristiques juives traditionnelles que sont la bonté, la compassion, la tsédaka et le ‘hessed : la générosité d’esprit, de cœur… et de poche.
Puissiez-vous gagner beaucoup d’argent et encourager D.ieu à continuer à vous prodiguer Ses bénédictions en abondance en les partageant généreusement avec les autres.
(Rav Yossy Goldman)
ROCH ‘HODECH SIVAN mercredi 12 mai