ADIEU EDITH, parce que tu le vaux – vraiment – bien ! Edith Moskovic nous a quitté. Que dire sur Facebook ? Comment lui rendre l’hommage qu’elle mérite ? Maintenant, c’est comme ça, un rituel. Ils partent et nous les remercions en écrivant quelques mots.
Mais avec Edith c’est un plus plus compliqué. Sa vie mérite mieux que cela, seulement voilà, je n’ai pas mieux.
Alors voici très modestement quelques mots sur ce petit bout de femme, douce comme une mamie mais forte comme une hongroise, déterminée comme une enfant rescapée de la Shoah et pédagogue comme la grande dame qu’elle fut, et qui a hérité malgré elle du devoir de transmission de la Mémoire. La sienne et la notre.
Édith Moskovic est née le 12 août 1931 d’un père tailleur et d’une mère au foyer, à Sevlusi en Hongrie. Sa famille s’exile à Bruxelles en 1935, puis à His en Haute-Garonne, le 10 mai 1940. Elle est arrêtée fin 1941 par la gendarmerie française, avec ses sept frères et sœurs pour être internée au camp du Récebédou en Haute-Garonne. La famille s’évade et réussit à franchir la ligne de démarcation à Abbeville. En septembre 1942, de nouvelles lois anti-juives d’exclusion totale pousse le père de famille à cacher ses huit enfants auprès de familles inconnues. Âgée alors de onze ans, Édith est confiée à des voisins, cachée dans leur grenier, enfermée à clé dans l’obscurité. Elle est ensuite envoyée sous une nouvelle identité (Éliane Martin) dans une institution catholique pour handicapés mentaux à Ottignies. À la Libération, elle retrouve toute sa famille saine et sauve. Devenue secrétaire médicale, mariée et mère de famille, elle se tait sur son enfance pendant 50 ans. Établie à Montpellier, elle est déléguée en Languedoc-Roussillon du Comité français pour Yad Vashem, et à ce titre participe aux remises de médailles et de diplômes de Juste parmi les nations. Après un apprentissage à l’École internationale de la Shoah à Jérusalem, elle parle pour la première fois de son vécu d’enfant juive cachée, en mars 1998 à l’université du temps libre de Montpellier. Elle témoigne depuis sans relâche devant les élèves et participe notamment chaque année à l’organisation du Concours national de la Résistance et de la Déportation. Elle est promue Chevalier de la Légion d’honneur le 14 juillet 2009 et reçoit la Médaille d’honneur de Zakhor pour la Mémoire en 2007 (merci Wikipédia).
J’ai assisté personnellement pendant des décennies, comme tant d’autres, à son implication dans la transmission de la mémoire. Ceux qui l’ont bien connue savent que Edith a du surmonter d’autres « démons » pour trouver la force et le courage de témoigner auprès des jeunes dans les écoles, mais aussi des moins jeunes qui sont passés à coté de cette Histoire. Son histoire.
Repose en paix Edith, tu l’as bien mérité. Nous faisons de notre possible pour perpétuer ton travail, autrement, mais nous continuerons. Barouh Dayan Aemet
Michel ATTALI