D’emblée, la paracha de cette semaine ‘Houkat nous détaille les lois relatives à la fameuse vache rousse qui a la particularité de purifier les impurs mais aussi de rendre impurs ceux qui sont purs. Comment expliquer une telle contradiction ? Rachi s’empresse de nous indiquer que cette « ‘houka » est un décret divin qu’il ne faut pas chercher à comprendre. Et pourquoi en serait-il ainsi ?
Avant de répondre à cette question, rappelons que la vache intégralement rousse devait être sacrifiée et brûlée et l’on devait en asperger les cendres mélangées avec de l’eau de source sur une personne rendue impure par le contact d’un mort.
Ce simple énoncé laisse entrevoir une première réponse à notre interrogation : la mort ne faisait pas partie, au début, du plan divin. Elle n’est apparue que lorsque Adam et Hava ont consommé le fruit de la connaissance, interdit par Hachem.
C’est donc par curiosité excessive ou malsaine que l’homme a mangé de ce fruit, introduisant par là même la mort dans le monde. Concrètement, l’homme a voulu tout savoir mais trop tôt. C’est pourquoi le Sfat Emet dira : « C’est par la « non compréhension » que l’homme se guérit de l’impureté de la mort ».
Le secret de l’énigme de la vache rousse se révèle alors en partie : il nous explique que lorsqu’un homme accepte de ne pas tout comprendre, il sort de l’impureté de la mort. Le peuple juif a toujours été un peuple de savants, d’érudits et le Judaïsme a toujours exalté l’amour de la connaissance tandis que le désir du savoir fait partie des mitsvot fondamentales. Mais ceci a une limite : celle d’accepter, parfois, de ne pas tout comprendre.
Car celui qui admet qu’il ne peut pas tout comprendre, reconnaît aussi implicitement qu’au-dessus de sa propre sagesse, se trouve l’intelligence suprême du Tout-Puissant.
C’est d’ailleurs l’une des explications du port de la kippa. Alors que tous les hommes, par définition, sont des êtres fiers de leur savoir et rejettent la supériorité du savoir de l’autre, le simple fait de porter la kippa est l’expression d’une véritable humilité et de reconnaissance de la limite « humaine » du savoir. Et c’est de facto, le socle de la véritable sagesse, comme nous l’indique le verset : « Réchit ‘ho’hma yirat Hachem », « le début de la sagesse, c’est la crainte de D.ieu. »
Accepter cela, c’est peut-être entrevoir l’une des significations profondes de cette étonnante mais si passionnante mitsva de la vache rousse.
(Rav Yossef ‘Haïm SITRUK)