Entre autres remontrances et récapitulatifs, Moché exhorte le peuple à l’engagement sincère
et constant de la pratique des « mitsvoth », des commandements et préceptes divins.
Dans la paracha de cette semaine, Equev, figure un passage que nous récitons
quotidiennement lors de la lecture du « chema Israël »:
« Et ce sera, si vous écoutez attentivement mes commandements… d’aimer l’éternel votre
Dieu et de Le servir de tout votre cœur et de toute votre âme. Je donnerais la pluie de votre
terre au moment voulu, les pluies précoces et tardives, et tu engrangeras ton grain, ton vin
et ton huile…et tu mangeras et tu seras rassasié. » ( Deutéronome 11, 13 – 15)
À priori, notre conception nous conduit à comprendre que le respect des mitsvoth engendre
une rétribution et à l’inverse un châtiment.
Cependant, dans les maximes de nos pères, nos sages nous enseignent:
« l’accomplissement d’une mitsva entraîne une autre mitsva car la récompense d’une mitsva
est une mitsva ». Cela signifie que cette dernière ne peut comporter en ce monde aucune
autre récompense que d’entraîner une autre mitsva. L’enjeu est de conduire l’homme à une
dimension d’infini, de dépassement de sa condition.
Le texte biblique mentionné plus haut est-il en contradiction avec cet adage ?
Le Maïmonide, dans son œuvre michné torah, a soulevé cette question en expliquant que la
seule raison d’être des biens matériels et de l’afflux de bénédictions est d’aider l’homme
dans sa conquête de la spiritualité, l’aide nécessaire pour avoir la possibilité d’accomplir une
nouvelle mitsva. Chaque élément a une valeur absolue, être utilisé pour élargir notre part
spirituelle. Toute chose créée participe du spirituel.
Cela nous permets de comprendre le sens du dernier verset cité: « tu mangeras et tu seras
rassasié ».
La plus grande bénédiction est d’être rassasié. Une personne qui est dans le « paraître »
reste perpétuellement sur sa faim. Celui dont l’aspiration est la quête spirituelle se trouve
comblé des bienfaits de Dieu et vit en état de bonheur perpétuel. Il ne recherche les biens
matériels que comme un moyen de parvenir à ses fins.
Le Talmud ( ketoubot 104a) fait le récit de Rabbi Yéhouda hanassi, qui, s’apprêtant à quitter
ce monde a levé ses mains vers le ciel en disant : « Maître du monde, tu sais bien que j’ai
mis l’effort de mes dix doigts dans la torah et que je n’ai jamais joui de ce monde fût-ce de
l’étendue de mon petit doigt. Qu’il soit de ta volonté que je repose en paix. »
Rabbi Yéhouda était un homme extrêmement riche et il avait tout consacré à sa poursuite
de la spiritualité et la sainteté.
La récompense d’une mitsva est une mitsva !
Chabat chalom
Rabbin Daniel Knafo