« La fin de toute chair est arrivée devant moi… »
C’est ainsi qu’est introduite l’annonce cataclysmique de l’histoire de l’humanité.
Le déluge a été engendré par le
comportement perverti des êtres humains qui s’étaient totalement corrompu. Dieu fit preuve
de patience durant dix générations mais l’issue tragique fut sans équivoque, il fallait détruire
l’ensemble de la création pour espérer voir germer une nouvelle humanité.
Il n’existait pourtant aucune fatalité qui devait nécessairement aboutir à l’extermination du
monde. Au contraire, à chacune des étapes créatrices, il est mentionné « Vayar Elokim Ki
Tov », Dieu vît que c’était bien.
Le monde portait en lui un potentiel exceptionnel qui ne demandait qu’à être exprimé…
Malheureusement, Dieu en arriva à regretter d’avoir créé l’homme sur terre et il s’en attrista.
À la fin de cette période diluvienne, Noa’h reçut l’ordre de quitter l’arche afin de repeupler le
monde. Son premier geste fut fort symbolique puisqu’il décida d’offrir des sacrifices à Dieu:
« Noa’h bâtit un autel pour l’Eternel. Il prit de toutes les bêtes pures et de tous les oiseaux
purs et il offrit des holocaustes sur l’autel. L’Eternel sentit une odeur agréable et l’Eternel dit
en son cœur : Je ne maudirai plus la terre à cause de l’homme parce que les pensées du
cœur de l’homme sont mauvaises dès sa jeunesse ; et je ne frapperai plus tout ce qui est
vivant comme je l’ai fait ». (Genèse 8, 20-21)
Si nous nous attachons au sens littéral de ce passage, nous remarquons que Dieu fut
sensible aux sacrifices offerts par Noa’h et qu’il s’engagea à ne plus jamais détruire
l’humanité.
Le Midrach Rabba développe un commentaire sur ce dernier verset. Apparemment, ce n’est
pas uniquement l’odeur des sacrifices offerts par Noa’h qui provoqua cet engagement divin.
Dieu sentit également l’odeur d’Avraham qui fut jeté dans la fournaise ardente par Nimrod
pour le forcer à abandonner ses convictions.
De plus, Dieu sentit l’odeur de Hanania, Mischaël et Azaria qui furent tous les trois
également jetés dans une fournaise.
Dès lors, en quoi l’odeur des sacrifices offerts par Noa’h était insuffisante à garantir la
protection de l’humanité ?
Nos sages expliquent qu’il fallait trouver une continuité au sein de l’humanité, des
personnages qui pourraient garantir tout au long de l’histoire, à travers les générations, une
qualité de comportement et de moralité exemplaire qui pourrait justifier la création de
l’humanité toute entière. Des individus qui ne se laisseraient pas corrompre ou détourner du
droit chemin et de la conscience de l’existence de Dieu.
Le Midrach nous cite quelques exemples précis et nous pouvons y ajouter, ceux et celles qui
se sont sacrifiés pour défendre leurs convictions ou leur identité la plus profonde.
Finalement, c’est l’association de tous ces souvenirs, de tous ces parfums qui tendent à
justifier la protection de l’ensemble de l’humanité pour l’éternité malgré tous ceux qui
peuvent profaner le nom de Dieu par un comportement inapproprié.
Chabat chalom
Rabbin Daniel Knafo