Promesse et certitude

Après s’être séparé de Loth, Avram reçoit une révélation divine l’invitant à observer, de là où
il se trouve, du nord au sud, de l’est à l’ouest, le pays qui lui sera donné à lui et à sa
descendance pour l’éternité…
Fort de cette promesse, Dieu va pourtant se révéler une deuxième fois à Avram après la
guerre contre les rois en lui disant que cette terre lui sera donnée en possession.
Cependant, Avram répondit alors: « Comment puis-je vraiment savoir que cette terre sera
mienne ? » (Genèse 15, 8)
Cette question, à priori, laisse transparaître une carence dans la « Emouna » d’Avram, une
part de doute dans sa foi…
Il est pourtant dit dans le verset précédent: «[Avram] eut foi en Dieu et Il le lui compta
comme une charité. » (Genèse 15, 6)
Ce qui semblait être de l’ordre de l’irrationnel est devenu un acte de justesse.
Dès lors, comment comprendre la requête d’Avram d’obtenir une preuve sur son acquisition
de la terre d’Israël ?
La promesse dépend justement de l’intégrité du Tsadik. Avram est persuadé que cette
promesse ne se réalisera pas pour lui, il « résiste », il ne se sent pas à la hauteur de ce don
divin. C’est précisément cela qui détermine son intégrité, son attitude prouve qu’il mérite
effectivement ce serment.
Le fait que cette promesse est réitérée une deuxième fois permet au verset d’attester que
Dieu lui comptabilise sa foi comme un acte de charité.
Toutefois, bien qu’Avram fût assuré de ce serment, il aurait pu ne pas être réalisé chez les
enfants…
Juste après cette promesse, Dieu demande à Avram de lui apporter certains animaux et de
les diviser… C’est l’alliance des moitiés. On lui annoncera que sa descendance sera exilée
400 ans.
On a l’impression que ce qui oblige le décret d’asservissement en Égypte c’est l’alliance
contractée avec Avram…
L’épreuve de la « Emouna », c’est la sortie d’Égypte. La foi c’est croire en quelque chose qui
n’existe pas, cette croyance place l’homme en dehors de « Mitsraïm », d’Égypte.
Il est donc nécessaire que la descendance d’Avram soit exilée pour se défaire totalement de
Mitsraïm.
La terre d’Israël est d’ailleurs le lieu du lien à l’éternité, le rapport au divin. La légitimité
d’Israël n’est pas une prétention, c’est une démonstration.
Avram nous fait comprendre que seul l’inachèvement humain peut nous conduire à cette
dimension du « Netsa’h », à la dimension d’éternité. Que l’existence à une cause que l’on se
doit de reconnaître pour s’y associer.
Chabat chalom
Rabbin Daniel Knafo