Le livre du Lévitique, le troisième livre du pentateuque que l’on considère comme le « livre
du milieu » est introduit par les mots suivants : « Vayikra Moché » : « Il appela Moché »
La gloire de Dieu recouvrait la tente de communion rendant inaccessible l’accès à Moché…
Cet appel sonne comme une invitation, il atteste du « retrait » de la présence divine qui se
loge entre les Chérubins, le lieu du lien au divin et sa révélation.
Dans la tradition, lorsqu’on rédige un Sefer Torah, il est recommandé de rétrécir le Alef du
mot « Vayikra » (Il appela ). Cela entraîne le risque que le mot puisse se lire « Vayikar » qui
sous-entend le caractère fortuit de la rencontre. C’est d’ailleurs ce terme qui est employé
lorsque Dieu s’adresse à Bil’am, le prophète des nations.
Dans sa grande humilité, Moché n’a pas souhaité que d’un point de vue calligraphique nous
puissions lire autre chose que le mot « Vayikar » comme si Dieu ne l’avait jamais appelé
mais qu’Il s’était simplement manifesté à lui par hasard, au détour du besoin de l’événement.
De plus, ce petit Alef attire notre attention sur le sens de cette lettre. Le Alef représente la
sagesse et l’aboutissement du projet mais également l’inaccessible, l’inconcevable.
Moché, le plus humble de tous les hommes, a souhaité, une fois de plus, se « faire petit »,
refusant de se considérer comme celui qui est appelé.
Dieu met à l’honneur un individu dont la grandeur est d’être conscient qu’il est petit.
Chabat Chalom
Rabbin Daniel Knafo