Un des termes les plus difficilement traduisibles est sans doute celui de la Kédoucha.
S’agit-il du concept de sainteté ou de sacralité ?
« L’Eternel parla à Moché en ces termes : parle à toute la communauté des enfants d’Israël
et dis-leur : soyez saints ! Car je suis saint, moi l’Eternel votre Dieu. » ( Lévitique 19, 1)
Quelle serait la juste définition de cette invitation divine à la sainteté ?
D’un point de vue théologique, le sacré semble être « l’inaccessible ». Pourtant, il est
surprenant de constater que les nombreux commandements liés à cette rencontre avec le
divin qui entretient cette sainteté n’ont rien de métaphysiques et sont, au contraire, tout à fait
humains et moraux.
On pense, souvent à tort, que la sainteté représente un niveau d’élévation spirituelle et de
détachement des contingences du monde qui nous entoure. La matérialité étant
nécessairement un écran face à la manifestation divine, il convient de nous en séparer afin
d’exprimer toute notre aspiration vers un monde métaphysique.
Cependant, la Paracha nous oriente vers l’obligation de craindre ses parents, l’obligation de
payer à l’heure le salaire de nos employés, l’interdiction de voler, de mentir, de calomnier
son prochain, de maudire. Il y a également l’obligation d’aimer tout un chacun, d’intervenir à
ses côtés lorsqu’il en a besoin, de réserver certaines parties de notre récolte pour nourrir les
plus démunis ou encore de respecter l’ordre de la nature dans le monde de l’agriculture.
Cette liste, non exhaustive, nous incite à définir la Kédoucha non pas comme une séparation
d’avec le monde dans lequel on vit, mais bien au contraire de vivre une vie pleine et entière
dans laquelle toutes les rencontres et interactions entre l’homme et ses parents, l’homme et
son prochain, l’homme et la nature conduisent à la sainteté.
Dans tous les domaines, nous sommes invités à investir une certaine moralité proposée par
la Torah, une vision juste et spécifique qui nous permet d’élever la société dans sa globalité.
Chabat Chalom
Rabbin Daniel Knafo