Une partie du service du Temple consistait en ce que le Grand Prêtre pénétrait chaque jour dans le saint vestibule du Temple. La Torah décrit les vêtements rituels qu’il portait à cette occasion et cela nous offre, entre autres, une leçon sur la nature de ce qu’est un dirigeant juif.
Sur chaque épaule, le Grand Prêtre portait une pierre d’onyx sertie dans une monture d’or. Sur ces pierres étaient gravés les noms des Douze Tribus, six sur chaque pierre. Il portait également sur sa poitrine le « Pectoral de Justice ». Sur ce pectoral étaient enchâssées douze pierres précieuses différentes sur lesquelles étaient gravés les noms des Douze Tribus.
Cela signifie que le Grand Prêtre portait sur lui les noms des Douze Tribus, c’est-à-dire de l’ensemble du peuple juif. Quand il pénétrait dans le Temple, cela constituait un souvenir devant D.ieu, exprimant la requête qu’Il se souvienne de Son peuple et qu’Il le juge avec bienveillance.
Cette évocation était-elle seulement celle de ces Juifs pieux dont le comportement dévoué exprime les nobles traditions de leur peuple ? Non. Les Sages expliquent que les vêtements du Grand Prêtre le liaient avec tous les Juifs. C’est pourquoi l’un des vêtements qu’il portait était une robe bleue. À sa lisière étaient accrochées des « grenades » faites de laine colorée, contenant des clochettes d’or. Quand il marchait, les clochettes tintaient, sans doute comme le font les clochettes de la couronne du Sefer Torah aujourd’hui
Le Talmud nous dit que les « grenades » sont le symbole de ces Juifs qui s’imaginent être totalement à l’écart Judaïsme. Ils peuvent se considérer ainsi, mais les Sages déclarent que « même le plus vide d’entre vous est plein de bonnes actions tout comme la grenade est pleine de grains ». Quand le Grand Prêtre entrait dans le Sanctuaire, il amenait aussi ces Juifs avec lui, avec tous les autres, et il invoquait pour eux les bénédictions divines et suscitait chez tous le sentiment d’être unis à D.ieu.
Tel fut le rôle de Mordekhaï, durant les temps troubles commémorés par Pourim. De nombreux Juifs dans le vaste Empire perse s’étaient profondément assimilés. Mordekhaï réussit toutefois à les motiver à affronter la menace d’Haman et à leur faire revendiquer et défendre leur identité juive. Ils avaient la possibilité d’échapper à l’extermination en se convertissant à la religion d’Haman, en s’inclinant devant lui et en le déifiant. Mordekhaï, se souciant de chaque juif, fut capable de les inspirer tous. Il put leur faire reconnaître que, quel que soit l’éloignement qu’ils peuvent parfois ressentir, la véritable nature de chaque personne est la parcelle de D.ieu qui est en elle. Cette conscience suscita la réponse divine décrite dans le Rouleau d’Esther, le miraculeux renversement de situation grâce auquel le peuple juif fut sauvé.