Parmi les nombreuses règles de comportement social qu’elle prescrit, la Torah donne des lignes directrices sur la façon de traiter les serviteurs. Il se dégage de ces instructions qu’il est fondamental de préserver le respect et la dignité du travailleur.
L’une de ces lois est détaillée dans le Lévitique 25,43 : « Ne le soumets pas à des travaux brisants. » Pour définir ce qu’est le « travail brisant », le commentateur Rachi explique que l’employeur n’est pas autorisé à dire à son serviteur : « Réchauffe-moi cette tasse » quand il (le maître) n’en a pas vraiment besoin. Même si le serviteur ne sait pas que la boisson n’est pas nécessaire, cela reste considéré comme une instruction humiliante et irrespectueuse.
Mais n’est-ce pas un peu extrême ? Il est parfaitement normal qu’un serviteur fasse une tasse de thé à son maître. Pourquoi alors, si, à l’insu du travailleur, l’employeur ne désire pas vraiment la tasse, est-ce considéré comme une insulte et un affront à sa dignité ?
La réponse est liée à la définition et à la raison d’être d’un comportement généreux, moral et éthique. Souvent, nous pensons que nous avons toute latitude pour nous comporter comme nous le souhaitons, aussi longtemps que nous ne faisons de mal à personne. Mais c’est une grande erreur, parce que la finalité et le bénéfice d’un bon comportement sont autant pour nous que pour les autres. Nous avons non seulement la responsabilité d’aider les autres et de protéger leur dignité, mais également de veiller à développer et à affiner en nous-mêmes une personnalité sensible, compatissante et respectueuse. Lorsque nous demandons à un travailleur d’accomplir une tâche absurde, il se peut qu’il n’en soit pas blessé, mais nous nuisons assurément à notre propre caractère. Cela sème les graines de l’insensibilité et de la cruauté au sein de notre propre personnalité.
Faire attention à la manière dont nous traitons les autres les aide et nous renforce également, faisant de nous de meilleures personnes !
(Rav Michoel Gourarié)