CHAVOUOT, FETE DE LA MOISSON

Diverses mentions sont faites aux solennités juives par la Torah, deux ressortent plus particulièrement, étant fixées en un temps précis.

La première se trouve dans le Lévitique (Chap.23) comme il est dit: « Au premier mois, le quatorzième jour, ce sera Pessa’h pour l’Eternel et au quinzième jour de ce mois ce sera pour vous la fête des Azymes. […] Durant ces sept semaines, chacun de vous comptera dès le lendemain de la fête et cela chaque jour depuis le jour où vous aurez offert l’offrande du Omer jusqu’à Chavouot, sept semaines complètes. Puis le quinzième jour au septième mois, aura lieu la fête des cabanes. « 

La seconde mention apparaît dans le livre des nombres (chap.28). Les dates de chaque célébration sont également précisées à l’exception de celle de Chavouot, qui tombe les 6 et 7 Sivan où celle-ci vient couronner l’événement célébré par celui de Pessa’h.

Aviv ou germination, définit le point de départ de l’histoire de ce messager investi d’une mission à accomplir. C’est en effet à la sortie d’Egypte que toute son essence prend naissance.

Qatsir ou la moisson, en indique l’accomplissement. C’est la période du Matane Torah (le don de la Torah) jusqu’à l’avènement du Machia’h.

Assif ou rentrée de la récolte, correspond au retour du messager déclarant que sa tache est acquittée. Nous en arrivons à son aboutissement, terme de son histoire. Ce sont les Yemoth Hamachia’h (les temps messianiques).

Si donc Pessah est la naissance de l’histoire du Am Israël et Souccot son aboutissement, Chavouot oscillant entre ces deux pôles nous enseignera le contenu de celle-ci. Avec Matane Torah, on commence le temps de la moisson, de l’action, inspirée par la loi la faisant pénétrer jusque dans les moindres détails de la vie.

Le don de la Torah est la conscience d’un destin exaltant du peuple juif dans un monde sanctifié par l’accomplissement et la soumission à la loi. Chavouot « temps de la révélation » est aussi le temps de l’action en référence au «Naassé Vénichema» (Nous ferons et Nous comprendrons).

Ces deux notions « conscience – action » sont les fondements de la doctrine juive. La Torah vient en effet du mot Horaha, Moré: enseignement, Maître. Elle est donc le guide qui indique l’action à entreprendre, sagesse contenant le sens même de l’histoire qui de par ses commandements puise sa pleine dimension.

Une telle affirmation a d’ailleurs préoccupé nos sages. Il est demandé dans le traité Quidouchin (40b) la connaissance est-elle plus importante que l’action?

L’avis de Rabbi Tarfone, fut, de dire que l’action est plus grande. Celui de Rabbi Aquiba était que la connaissance prédomine sur l’action. Et les sages répondent « grand est le savoir car il conduit à l’action« .

Nous comprenons à présent par le biais des diverses explications de nos sages quelle est l’importance de l’étude de la Torah et de l’accomplissement de nos mitsvot. Voilà précisément notre mode de vie, l’accomplissement de la mission qui transforme à la fois l’homme et le monde. C’est cela qu’implique la révélation au pied de la montagne du Sinaï.

L’enjeu donne à l’action toute sa dimension: la réaliser, c’est se surpasser. L’injonction divine est inépuisable comme dit le Psalmiste: « A tout bien, j’ai vu des limites. Ta loi est infiniment vaste. » (Psaume 119).

C’est cela le Qatsir, la moisson commencée au bas de la montagne qui s’achèvera au sommet d’une autre le jour où les nations du monde afflueront « pour gagner la maison de Jacob et découvrir ses voies » comme dit le prophète Isaïe (Isaïe II-3)

Comprenons donc le sens même de Chavouot et soyons tous présents les deux jours de cette fête afin d’étudier ensemble dans une totale harmonie communautaire pour mériter l’avènement des temps messianiques, amen.

A vous tous Hag Saméa’h. 

Rabbin Mordehaï BONDIT.