Parmi les nombreuses lois que Moché prend soin d’enjoindre à nouveau, au peuple d’Israël, il revient sur l’interdit alimentaire de certains animaux aux caractéristiques suivantes :
« Vous pouvez donc manger tout animal qui a un vrai sabot fendu en deux et qui rumine » (Deutéronome 14, 6 )
La règle est précisément établie… Pourtant, la thora prend soin de citer 4 cas particuliers :
[…] « Le chameau, le daman et le lièvre qui ruminent et n’ont pas de vrais sabots… Également compris, le porc, qui a un vrai sabot mais ne rumine pas… » ( Deutéronome 14, 7-8)
Dans quel intérêt fallait-il isoler ces 4 animaux qui ne répondent pas aux critères de cacherout énoncés dans le verset ?
Le Midrash Tanh’ouma interprète remarquablement ces versets de la façon suivante :
Le chameau, c’est Babylone. Il représente l’exil de Babylonie car il est un ruminant et à fait grandir en son sein le prophète Daniel.
Le daman, ce sont les perses et les mèdes. Ce ruminant à fait émerger Mordekhaï. Le lièvre, c’est l’exil grecque. Il rumine et a vu grandir de nombreux justes. Le porc, c’est Edom. Il n’est pas ruminant et ne fait pas grandir des hommes intègres.
Ces animaux représentent donc les 4 exils qu’ont traversés le peuple juif. À l’instar d’un ruminant, les 3 premiers exils ont, d’un côté, intégrés le peuple exilé et de l’autre fait sortir, émerger des « tsadikim », des justes qui ont grandi dans cet environnement. Le dernier exil représenté par le porc ne « rumine pas », il n’est pas productif. Une des particularité de cet animal est qu’il a de vrais sabots qu’il met en avant, il montre « patte blanche » mais l’intériorité le trahit, il n’est pas ruminant.
Le Talmud (Yoma 9b) apporte un enseignement capital :
Les premières générations dont les fautes étaient révélées ont mérité que la date de la fin de l’exil leur soit dévoilée. Comme le proclame le prophète Jérémie (29, 10) : « Au terme de 70 ans de l’exil de babylone… »
Les dernières générations dont les fautes sont soigneusement enfouies, n’ont pas mérité que la fin de l’exil leur soit révélée.
Nous avons tendance à mettre en avant nos bonnes actions et à dissimuler le mieux possible nos fautes. Être dans le déni de ses actions perverses et faire bonne figure, voici ce qui caractérise le dernier exil représenté par le porc.
L’honnêteté et l’intégrité sont les qualités requises à notre rédemption.
Le mois de Eloul, dans lequel nous entrons ce chabat, nous invite à cette introspection annuelle, à faire l’aveu de nos fautes et reconnaître ses erreurs avec sincérité.
Chabat chalom. H’odech tov
Rabbin Daniel Knafo