Le vœu ou la parole sacrée 

La paracha de Mattoth coïncide généralement avec la période de « ben hametsarim » dite des 3 semaines. 

Cette paracha est introduite par la loi concernant les vœux (nédarim) et les serments. 

Moché parla aux chefs de tribus des israélites pour leur dire que telle est la parole que Dieu avait ordonnée : 

Si un homme fait un vœu à Dieu ou proclame un serment pour se « lier », il ne doit pas violer sa parole. Il devra accomplir tout ce qu’il a exprimé verbalement. (Les Nombres, 30, 2) 

Rabbi Tsadok Hacohen de Lublin nous enseigne qu’un sujet qui est énoncé pour la première fois dans la Torah est principiel et en devient le fondement. 

Le premier à avoir prononcé un vœu dans le récit biblique n’est autre que Yaacov (Jacob). Il s’est exprimé en disant : « Si Dieu est avec moi, s’Il me protège au cours du voyage que j’entreprends… Que cette pierre que j’ai érigée en colonne devienne un temple pour Dieu. » (Genèse 28, 20) 

Nos sages nous révèlent que le mot Neder (vœu) est associé étymologiquement au mot Dira (résidence, espace), pour signifier que la parole est créatrice, à l’instar de Yaacov qui exprime dans son vœu la volonté de créer un lieu et un espace pour la présence divine. 

« Lo yah’èl dévaro », il ne doit pas violer sa parole ( Les Nombres 30, 3) Le midrash retient la traduction littérale, il ne profanera pas sa parole, Lo yah’èl, il ne profanera pas, h’ol étant le terme pour profane. 

Si la Torah interdit de profaner sa parole, cela signifie que la parole revêt un caractère sacré. 

D’une façon générale, on constate que la Torah confère une très grande importance à la droiture de la parole, ainsi que le Talmud en fait la remarque : « Celui qui a fait payer à la génération du déluge fera payer à celui qui ne respecte pas sa parole (ses engagements). » (Baba Metsi’a 44a) 

L’engagement social de l’être humain envers autrui impose le respect de la parole pour un climat viable en société. La Torah nous impose également de respecter sa propre parole dont la violation ne lèserait personne. 

L’homme fut créé « betselem Elokim » à l’image de Dieu (Genèse 1, 27), en cela que l’homme peut façonner ou altérer le monde de Dieu. La parole est créatrice, c’est l’attribut le plus divin de l’homme. 

Rav Hirsh explique ainsi que le radical du verbe « bara » (créer) qui est utilisé dans le récit de la création, signifie « en dehors ». C’est l’expression qui confère une réalité à la pensée. Elle est constitutive du caractère sacré de l’homme. 

Ainsi, la Torah nous ordonne de ne pas profaner, de ne pas désacraliser l’aspect saint de ce qui a été proféré par la bouche. 

C’est peut-être pour cette raison que cette paracha est lue durant cette période marquée par la destruction du temple car le sens profond du neder (vœu) est de créer un espace de sainteté et de se rapprocher du divin dont le paroxysme est la présence divine dans le

temple (beth Hamikdash). C’est ainsi que s’est exprimé notre patriarche Yaacov dans la formulation de son neder. 

Puissions-nous mériter prochainement la reconstruction du temple de Jérusalem.