Ki Tissa 

Dans la paracha de cette semaine nous rencontrons la faute du veau d’or, qui est la faute par excellence qu’a commis le peuple juif quelques semaines après avoir entendu les 10 commandements. Arrêtons-nous sur la définition même de la transgression. 

Qu’est-ce que le péché? 

Comme pratiquement pour toute chose, cela dépend à qui vous posez la question. 

Le Midrache décrit une sorte de « table ronde » au cours de laquelle cette question est posée à quatre autorités différentes – la Sagesse, la Prophétie, la Torah et D.ieu – chacune donnant une définition différente du péché. 

Selon la Sagesse, le péché est un acte nuisible. Selon la Prophétie, c’est la mort. La Torah le voit comme une folie. D.ieu le considère comme une opportunité. 

La conception philosophique de la faute est que c’est une mauvaise idée, comme de marcher pieds nus dans la neige ou manger trop d’aliments gras. Si vous faites de mauvaises choses, il vous arrivera de mauvaises choses. 

Cela signifie-t-il que Quelqu’un vous surveille là-haut, tenant le registre de vos péchés et distribuant les punitions ? Eh bien… oui, bien que ce ne soit pas aussi simpliste que la représentation d’un D.ieu vengeur qui prend sa revanche sur Ses petites créatures terrestres qui ont osé défier Ses instructions. Les engelures sont-elles la punition de D.ieu pour cette promenade pieds nus dans la neige ? Les problèmes cardiaques sont-ils la vengeance de D.ieu pour avoir consommé trop de cholestérol ? Ça l’est, si vous acceptez l’idée que tout ce qui arrive survient parce que D.ieu veut que ça arrive. Mais ce que cela signifie réellement, c’est que D.ieu a établi certaines « lois de la nature » qui décrivent Son mode d’action sur notre existence. Il existe des lois physiques de la nature, celles que les scientifiques mesurent et théorisent. Il existe également des lois spirituelles de la nature, qui commandent que des actes bénéfiques spirituellement apportent des bienfaits spirituels, et que des actes spirituellement néfastes causent du tort spirituel. Et puisque notre existence physique dérive de la réalité spirituelle et la reflète, le comportement moral et spirituel d’une personne affecte également sa vie matérielle. 

La « Prophétie » va plus loin, La Prophétie (qui représente l’apogée de la quête de l’homme pour communier avec D.ieu) définit la « vie » comme une connexion à D.ieu. Le péché – c’est-à-dire quand l’homme se détourne de D.ieu – est une rupture de cette connexion. C’est pourquoi le péché, c’est la mort. 

La Torah convient que le péché est un acte néfaste. Elle reconnaît également que c’est une interruption du flux de vie entre le Créateur et la création. Ceci car la Torah est aussi bien la source de la perspective de la Sagesse que de celle de la Prophétie en la matière. Mais la Torah les dépasse en établissant que l’âme de l’homme ne ferait jamais volontairement et consciemment une chose aussi stupide. 

La faute, dit la Torah, est un acte de folie. L’âme perd la tête et commet un acte contraire à son désir véritable. C’est pourquoi le péché peut être transcendé, lorsque l’âme identifie et reconnaît la folie de ses transgressions et réaffirme sa véritable volonté. Alors, la véritable identité de l’âme apparaît, révélant que le péché n’a été commis en réalité que par l’aspect le plus extérieur de l’âme, alors que son être profond n’y a jamais participé. 

Mais il en existe une quatrième, qui est l’apanage de D.ieu seul : le péché est l’opportunité pour le « retour » (la Techouvah). 

La Techouvah est un processus qui, dans sa forme ultime, nous donne la force non seulement de transcender nos erreurs, mais aussi de les racheter : de faire un véritable retour dans le temps et de redéfinir la nature essentielle d’un acte passé, le transformant de mal en bien. 

Pour y parvenir, il nous faut d’abord ressentir que la transgression a été un acte néfaste. Nous devons prendre conscience de la dévastation qu’elle a infligée à notre âme. Nous devons reconnaître, désavouer sa folie et y renoncer. C’est seulement alors que nous pouvons retourner en arrière et changer ce que nous avons fait. 

Alors, le péché est-il un acte mauvais, néfaste ? Est-il la face même de la mort ? Est-il une ineptie absolue, à mépriser par une âme intrinsèquement sage et pure ? Est-ce une opportunité pour conquérir et grandir ? En définitive, c’est les quatre à la fois. Mais pour emprunter la quatrième voie, il faut avoir parcouru les trois premières.