« la Présence Divine parlait à travers sa gorge »

Dévarim signifie « paroles » et c’est le nom de la Paracha de cette semaine. Bien sûr, la Torah tout entière est constituée de paroles ? mais dans le livre de Devarim, la nature de ces paroles est toute particulière.

Le Livre de Devarim est un long discours de Moïse, prononcé pendant 37 jours, depuis le 1er Chevat jusqu’au 7 Adar – jour de sa disparition – de l’an 2488 après la Création (1273 avant l’ère commune). Dans son discours, Moïse récapitule les événements et les lois essentiels inscrits dans les quatre autres livres de la Torah. C’est pourquoi le livre de Devarim est également appelé Michné Torah, « Répétition de la Torah » (d’où son nom d’origine latine, Deutéronome, qui signifie « Seconde Loi »).

Techniquement, c’est Moïse qui écrivit l’ensemble des cinq livres. Mais, dans les quatre premiers livres, Moïse transcrivit fidèlement ce qu’il recevait de D.ieu, alors que dans Devarim, il le dit « avec ses mots à lui ». La distinction apparaît clairement dans le fait que les quatre premiers livres sont écrits à la troisième personne (« Et D.ieu parla à Moïse en ces termes ») alors que dans Devarim, Moïse s’exprime à la première personne (« A ce moment, D.ieu me dit », etc.).

Devarim appartient néanmoins à ce que nous appelons la « Torah Écrite », ce qui signifie que, non seulement son contenu, mais également ses mots et ses lettres sont considérés d’origine divine. Nos Sages expliquent que Moïse avait fait une telle abnégation de son ego devant la volonté divine que « la Présence Divine parlait à travers sa gorge » : les paroles de Moïse furent ainsi les propres paroles de D.ieu.

En tant que tel, le livre de Devarim agit comme un pont entre la Torah Écrite et la « Torah Orale ». Cette dernière inclut le Talmud, les commentaires ? les codes de lois et la Kabbale, ainsi que tout ce qui a été produit au cours des trente-trois siècles d’étude des Sages juifs, étudiant et interprétant la Torah conformément à la tradition. Dans la Torah Orale, qui est produite par des esprits et des bouches moins effacés que ne le fut Moïse, le contenu est divin, mais les mots et les lettres sont humains.

En d’autres termes, il existe à la base deux dimensions à la Torah : une dans laquelle aussi bien le contenu que son « packaging » sont donnés d’En-Haut, et une autre dans laquelle la sagesse et la volonté divines sont véhiculées dans « nos propres mots ». Et ensuite, il y a le Livre de Devarim au sein duquel les deux dimensions convergent : un être humain, Moïse, atteint un niveau d’identification avec la sagesse et la volonté divines dans lequel ses « propres mots » sont totalement en harmonie avec leur contenu divin, à tel point qu’ils ne sont pas moins considérés comme la parole de D.ieu que ceux qui lui furent dictés dans les quatre premiers livres.

De fait, c’est du livre de Devarim que toute la « Torah Orale » découle. Car l’identification totale de Moïse avec la sagesse divine qui s’y opère permet à nos âmes inférieures, dont chacune possède « une étincelle de l’âme de Moïse », de réaliser la mission qui consiste à faire de « nos propres mots » des réceptacles de la sagesse divine.

(Chabbad.org)