Le Maïmonide adresse une lettre écrite en arabe qui sera plus tard traduite en hébreu aux juifs vivant au Yémen et porte le nom de
« Iguéret Hashmad ». Celle-ci fut écrite en réponse aux persécutions religieuses que subissaient les communautés yéménites au XVIIe siècle et aux diverses formes d’hérésie. Initialement adressée aux juifs du Yémen, cette épître fut diffusée dans toute la diaspora et acquis ainsi une importance considérable au sein des communautés.
Il y est écrit à propos de l’événement de la révélation de Dieu au Mont Sinaï : « Mes chers frères, il est extrêmement conseillé que vous fassiez grandir vos enfants autour des valeurs portées par cet épisode majeur de notre histoire collective. Racontez-le au sein de vos communautés et mettez en évidence sa grandeur et sa splendeur. Il s’agit là du pilier sur lequel repose notre foi ».
Il est essentiel et nombreux sont les fidèles, hommes et femmes, qui s’efforcent de se rendre à la synagogue pour écouter la lecture de ce passage des Dix Commandements. Nous trouvons dans la Torah deux Mitsvoth différentes qui légifèrent sur cet événement : une Mitsvah négative qui nous demande de ne jamais oublier ce jour où nous étions réunis au pied du Mont Sinaï et une Mitsvah positive qui nous enjoint à nous en souvenir. À travers ces deux Mitsvoth nous percevons l’importance que la Torah veut conférer à la révélation du Sinaï.
En contrepartie, si nous comparons cet événement à l’ensemble de l’histoire de la sortie d’Égypte, nous pouvons être frappés par une inégalité apparente de traitement. En effet, nous trouvons à cinquante reprises l’évocation de la sortie d’Égypte et nous pouvons en être surpris. Que devons-nous comprendre de cette différence ?
Nos Maîtres nous expliquent que les croyants se partagent en deux catégories. Certains construisent leur lien avec la spiritualité essentiellement autour de l’événement du don de la Torah. Ils perçoivent HaShem comme un grand législateur qui impose à son peuple un certain mode de vie en adéquation avec sa volonté. Cette vision implique nécessairement une prise de conscience des obligations, des fautes, des récompenses et des conséquences qui en découlent.
L’autre catégorie de croyants a une perception différente de la première. Pour ces derniers, l’événement majeur sur lequel repose leur foi est l’histoire de la sortie d’Égypte. Lors de cet épisode, aucune loi n’est abordée par Dieu. Il ne se présente pas comme un législateur mais il se manifeste plutôt comme un père qui exprime sa volonté de libérer ses enfants de l’esclavage. C’est un Dieu libérateur qui ne supporte pas la souffrance de son peuple. D’après cette vision, le don de la Torah s’inscrit comme la finalité de sa démarche de révélation. En réalité, la Emouna du peuple d’Israël se construit lors de la sortie d’Égypte. En vivant tous les miracles réalisés à ce moment et en prenant conscience de l’omniprésence de D-ieu à travers l’ensemble des éléments de la nature, tous les doutes relatifs à son existence ont été levés.
En arrivant au pied du Mont Sinaï et en proclamant le célèbre « Naassé Vénishma, nous avons affirmé notre volonté de vivre comme ses serviteurs en signe de reconnaissance profonde à son égard.
Chabat Chalom