Les récits de cette Paracha sont nombreux et donnent l’impression que l’on aborde tous les
sujets que l’on ne savait pas rangés ailleurs…
En effet, il y a notamment deux versets composés de 85 lettres encadrés par deux Noun
inversés qui suscitent l’interrogation du Talmud et affirme que ces versets n’y ont pas leur
place (Chabat 116 a)
« Lorsque l’arche partait, Moché disait : lève toi, ô Dieu, et disperse tes ennemis ! Que tes
adversaires fuient devant Toi ! Lorsque faisait halte, il disait : retourne ô Dieu, vers les
myriades des milliers d’Israël. » (Les Nombres 10, 35-36)
Rabbi atteste que ce petit passage, composé de deux versets, est délimité dans son
espace car il serait un livre à part entière.
Il n’existerait pas cinq livres de la Torah mais sept !
Le livre de Bamidbar serait découpé en trois parties, du début jusqu’à la lettre Noun, faisant
office de balise, constitue un livre; le passage des 85 lettres en est un autre; du second
Noun jusqu’à la fin serait le troisième livre.
Le H’ida rapporte que kabbalistes considèrent que c’est un « grand livre » qui nous sera
ouvert dans un temps futur…
La Torah que nous possédons relate le cheminement, la façon dont l’assemblée d’Israël
s’est constituée ainsi que la conduite de Dieu en rapport à ce peuple. La disparition de
Moché puis le relais pris par Josué. Commence alors le livre des juges jusqu’au début du
deuxième temple, c’est de cette façon que se termine la loi écrite. Pour autant, Dieu
continue toutefois à diriger le monde et cette conduite est également une Torah mais la
lecture des événements ne nous est pas parvenue par prophétie. Sans être mise à l’écrit,
cette Torah continue de perdurer, de voyager avec son Aron.
En tour de garde, les deux Noun ouvrent le récit sur le dérèglement et les perturbations des
pérégrinations du désert, ils indiquent la chute ! L’envoie des explorateurs qui conduira à
l’errance des 40 ans et l’annonce de la destruction des deux temples. La révolte de Kora’h et
ses conséquences tragiques…
Dans le livre des psaumes, le Achré Yochvé vétékha, est écrit dans l’ordre alphabétique. Le
Talmud fait remarquer que la lettre Noun n’y figure pas car elle évoque la Néfila, la chute de
l’assemblée d’Israël. Le psalmiste a exclu volontairement le Noun qui compose le mot Néfila
mais l’a réhabilité par la lettre suivante, le Samekh qui nous assure que Dieu est Somekh,
qu’Il soutient ceux qui sont tombés.
Ce « grand livre » des oubliés, de ceux que l’on a pas souhaité évoquer, sera un jour remis
à sa place et ouvert à la lecture.
Chabat Chalom
Rabbin Daniel Knafo