Laissé-pour-compte

Nous entamons cette semaine la lecture du quatrième livre de la Torah. Il est nommé de
deux manières différentes.
La première appellation est celle qui lui est attribuée par le Midrach au début du livre de la
Genèse à propos du verset : […] « Dieu séparera la lumière des ténèbres. » ( Béréchit 1, 4),
c’est une allusion au livre de « Bamidbar » qui établit une distinction, une séparation entre la
génération de ceux qui sont sortis d’Égypte et la génération de ceux qui sont entrés en terre
de Canaan. Le Midbar fait référence au désert… Ponctué différemment, il peut se lire
Médaber signifiant le lieu de la parole, de la révélation.
Un verset du cantique des cantiques (3, 6 ) décrit avec éloquence l’épopée des enfants
d’Israël:
« Qui est celle-ci qui monte du désert comme une colonne de fumée qui embaume plus que
tous les parfums que l’on puisse trouver. »
Ce peuple interpelle, il fait preuve d’une originalité, d’une subtilité, il ne dépend pas de
l’influence extérieure, il émerge du néant.
La seconde appellation est attribuée par la Michna (traité Ména’hot) qui nomme ce livre :
Sefer Hapékoudim, le livre des recensements. Dans la traduction latine et la Septante, on
retiendra le livre des Nombres, à cause des nombreux recensements que l’on y trouve.
Selon Rachi, le fait de compter un objet c’est lui accorder une valeur intrinsèque, c’est
considérer que chaque individu a une valeur propre.
Le verbe le plus approprié pour désigner un compte est celui de Sefira. Pourtant, dans ce
livre, le terme récurrent qui sert au dénombrement est Pekida. Ce terme nous est familier
notamment lorsque Dieu « se souvient » ou exauça Sarah, le verset emploi le mot Pakad qui
signifie dans ce cas qu’Il lui accorda une attention particulière.
Le processus de recensement n’avait pas un caractère statistique mais avait comme intérêt
de reconsidérer particulièrement chaque individu en lui accordant une attention selon sa
propre valeur et sa part spirituelle qui lui est propre et ne saurait être réalisée par quelqu’un
d’autre.
Malgré la vie en collectivité, l’homme se doit d’avoir une singularité qui lui donne accès à la
divinité.
Chabat Chalom
Rabbin Daniel Knafo