Peut-être un peu décalée, mais voici une idée de cadeau de Hanoukka ou de fin d’année : un ouvrage remarquable, émouvant et instructif, nostalgique et plein de promesses, qui parle du problème de l’identité juive, plurielle et singulière à la fois
Dans l’ouvrage Juifs d’ailleurs, Diasporas oubliées, identités singulières, publié sous la direction d’Édith Bruder, les contributions d’une trentaine d’universitaires internationaux permettent de découvrir une cinquantaine de communautés juives méconnues à travers le monde. Certaines de ces diasporas ont été isolées géographiquement comme les communautés de Kaifeng, en Chine, ou celle des montagnes du Kurdistan – les seules à parler encore araméen –, d’autres se prévalent d’une manière singulière de vivre leur identité juive, comme les Caraïtes de Crimée, les Subbotniks de Russie ou les Dönmeh de Salonique. Elles remontent à la plus haute Antiquité ou au contraire aux dernières décennies, et il en naît de nouvelles presque chaque année. Juifs d’ailleurs montre ainsi que le judaïsme existe en maints endroits, fruit de l’exil, des adaptations, des enrichissements, des colonisations et des métissages. Il s’interroge aussi sur les tribus perdues d’Israël et sur Souccoth comme fête des Nations.
Ces récits permettent de transformer la vision monolithique qu’on pouvait avoir de l’identité juive. Cependant, entre toutes ces diasporas, il est un vecteur commun : la volonté puissante d’être juif, quel que soit le continent et quelle que soit l’époque, malgré parfois l’ignorance de l’hébreu, les difficultés des pratiques cultuelles, et la même tension entre la double identité, celle du pays et celle du judaïsme.
J’ajouterais que la grande force du livre c’est le don d’abord de nous faire voyager, de nous surprendre par quelques découvertes comme par exemple qu’au début du XIX ème siècle la plus grande communauté juive aux Amériques était le Surinam, qu’actuellement en Azerbaïdjan une communauté juive vit en relative bonne intelligence à côté d’Azéris chiites.
Beaucoup d’autres surprises vous attendent à la lecture d’un livre qui nous montre un judaïsme bien plus riche que la seule distinction entre ashkénazes et séfarades.