Le monde que D.ieu a créé pour nous est d’une grande beauté. Un aspect de cette beauté est la couleur : le bleu du ciel et le bleu plus profond de la mer, le brun et le vert des collines, le rougeoiement des couchers du soleil, l’arc-en-ciel multicolore et les myriades d’autres couleurs qui nous entourent à chaque instant de notre vie. Les couleurs possèdent également une signification spirituelle. Une expression de cette idée est à trouver dans la façon dont elles apparaissent dans la paracha de cette semaine, dans la description qui nous est donnée de la construction du Sanctuaire.
Le
Sanctuaire, construit avec soin par Moïse et le peuple juif après
qu’ils aient reçu la Torah au mont Sinaï, était le prototype du Temple.
Comme dans le Temple de Jérusalem, il créait un espace sacré, avec des
niveaux croissants de sainteté.
Les
murs du Sanctuaire étaient faits de planches de bois recouvertes d’or,
tenues fermement par de lourds socles d’argent. Ces murs étaient presque
entièrement recouverts d’une tenture faite d’étoffes spécialement
tissées. Il y avait aussi les vêtements des Prêtres. La Torah énumère au
début de la paracha les diverses matières constituant ces tissus : de
la laine bleue, de la laine violette, de la laine écarlate, du lin
blanc…
Des couleurs ! Quel est leur sens ?
La
‘Hassidout explique que le Sanctuaire n’est pas seulement un édifice
matériel, le Sanctuaire existe aussi dans le cœur de chacun. Ainsi D.ieu
déclare-t-Il dans la Torah : « Ils me feront un Sanctuaire, et Je
résiderai en eux », dans le cœur de chaque Juif.
Nous en venons donc à notre question : que signifient les couleurs dans le sanctuaire du cœur ?
Le
bleu exprime notre crainte devant l’infinie grandeur du Divin. Toute
l’immensité de notre univers décrite par les astronomes n’est rien
comparée à D.ieu dont l’infinitude absolue dépasse le monde. Cette idée
fait naître un sentiment de crainte : le bleu.
Et
pourtant les Kabbalistes nous disent que la même idée peut induire un
sentiment différent, une soif passionnée de se lier avec D.ieu, au-delà
du monde, au-delà de la vie elle-même, un amour enflammé pour D.ieu:
l’écarlate.
La
combinaison de ces deux sentiments, la crainte et l’amour enflammé,
conduit à la perception de notre propre petitesse, une conscience de
notre pitoyable insignifiance par rapport à la grandeur infinie de
D.ieu. De cette perspective, on considère sa propre personne avec
compassion, comme en observant de très haut : pauvre petit moi, si perdu
à penser exclusivement à moi-même… Ce mélange de bleu et de rouge
écarlate donne le violet.
Mais
il existe aussi une autre forme d’amour de D.ieu. Non pas l’amour
enflammé qui transcende l’univers, mais un amour qui coule comme de
l’eau pure, conscient de la proximité intime et bienveillante de D.ieu
et de l’amour de D.ieu pour nous. Ce chaleureux sentiment d’amour et de
bienveillance est le blanc.
Ce
sont là les couleurs de l’âme, les émotions avec lesquelles nous nous
lions à D.ieu dans notre propre Sanctuaire intérieur : le bleu,
l’écarlate, le violet, le blanc…
(Rav Tali Loewenthal)