Dans quelques jours nous célèbrerons le nouvel an des arbres.
Les composants essentiels de l’arbre sont ses racines qui l’ancrent dans le sol et l’approvisionnent en eau et en aliments ; son tronc, ses branches et ses feuilles qui constituent son corps ; et les fruits qui contiennent les graines qui permettent à l’arbre de se reproduire.
La vie spirituelle humaine inclut également des racines, un corps et des fruits. Les racines représentent notre foi, la source de notre nourriture et de notre persévérance. Le tronc, les branches et les feuilles sont le corps de notre vie spirituelle, nos accomplissements intellectuels, émotionnels et matériels. Les fruits évoquent notre force dans la « procréation » spirituelle, la force d’influencer notre prochain, de planter une graine en un être humain et la voir germer, grandir et donner des fruits.
Les racines sont les parties de l’arbre les moins attrayantes, et les plus importantes. Enterrées, virtuellement invisibles, elles ne possèdent ni la majesté du corps de l’arbre, ni les couleurs de ses feuilles pas plus que le goût savoureux de ses fruits. Mais sans les racines, l’arbre ne peut survivre.
La foi, à l’instar des racines, est celle de nos facultés qui est la moins séduisante. Elle se caractérise par une simple conviction et un engagement envers notre Source. Elle ne possède pas la sophistication de l’intellect, les riches couleurs des émotions et ne suscite pas le sentiment de satisfaction qui naît des actions accomplies. Et la foi est profondément enterrée, sa véritable étendue est cachée aux autres et même à nous-mêmes.
Et pourtant, notre foi, notre engagement au-delà de la raison pour D.ieu, est la base de notre arbre personnel tout entier. D’elle s’élève le tronc de notre compréhension, duquel poussent les branches de nos sentiments, de nos motivations et de nos actions. Et bien que le corps de l’arbre procure une partie de sa nourriture spirituelle, l’essentiel en provient de ses racines, de notre foi et de notre engagement envers notre Créateur.
L’arbre désire se reproduire, semer ses graines de toute part afin qu’elles prennent racine dans des lieux distants et divers. Mais la portée de l’arbre est limitée par l’étendue de ses branches. Il lui faut donc rechercher d’autres messagers plus mobiles pour transporter ses graines.
Ainsi les arbres produisent-ils des fruits dans lesquels les graines se développent en fibres et jus colorés, odorants et savoureux. Les graines elles-mêmes ne susciteraient pas l’intérêt des hommes ou des animaux. Mais dans ce « packaging » attractif, il ne leur manque pas de clients qui, après avoir consommé le fruit extérieur, déposent les graines dans ces lieux distants et divers où l’arbre désire planter ses graines.
Quand nous communiquons avec autrui, nous utilisons de nombreux procédés pour rendre notre message attrayant. Nous l’étayons avec une sophistication intellectuelle, l’assaisonnons de sauce émotionnelle et l’habillons de mots et d’images colorés. Mais nous devons garder à l’esprit que ce n’est là que l’emballage extérieur, le fruit qui contient la graine. La graine elle-même n’a aucun goût. Ainsi, la seule manière dont nous pouvons produire un impact sur autrui, c’est quand nos paroles véhiculent une foi simple et pure, un engagement sincère pour ce que en quoi nous croyons.
Si la graine est présente, notre message prendra racine dans leur esprit et leur cœur, et notre propre vision se greffera à la leur. Mais s’il n’y a pas de graine, nos efforts seront stériles, quelque savoureux que puisse être notre fruit.
(Rav Yanki Tauber)