Résumé : Durant la Seconde Guerre mondiale, Wladyslaw Szpilman, un célèbre pianiste juif polonais, échappe à la déportation mais se retrouve parqué dans le ghetto de Varsovie dont il partage les souffrances, les humiliations et les luttes héroïques. Il parvient à s’en échapper et se réfugie dans les ruines de la capitale. Un officier allemand, qui apprécie sa musique, l’aide et lui permet de survivre.
Critique : Une Palme d’or, sept César et trois Oscars ; tel est le palmarès mondial du Pianiste, film à la fois personnel et classique de Roman Polanski. Personnel parce que le réalisateur est empli des souvenirs de cette période trouble ; parce qu’il a lui-même échappé au ghetto de Cracovie ; parce qu’il a connu la perte des siens dans les camps de la mort. Classique parce que Polanski se raconte à travers le destin hors du commun de Wladyslaw Szpilman, pianiste hors pair, féru de l’œuvre de Chopin.
Cet homme a survécu grâce à son amour pour la musique. Parqué avec sa famille dans le ghetto de Varsovie, il va faire son possible pour subvenir aux besoins des siens. Il assistera à l’extermination lente de son peuple, et regardera impuissant ses proches se faire jeter dans les trains qui les amèneront dans les camps. Désormais seul, Wladyslaw reviendra dans le ghetto presque déserté. Il devra se cacher, et jouer sa musique dans sa tête pour éviter d’être repéré.
Durant une heure, Roman Polanski offre un cinéma magistral, d’une rare intensité. Le spectateur est littéralement plongé au cœur du ghetto avec la population juive. Les atrocités perpétrées par les Allemands renforcent ce sentiment d’incompréhension totale. Toute la détresse d’un peuple passe à travers les yeux d’un seul homme. Adrien Brody, pianiste élégant dans la première partie du film, qui se métamorphose pour ne devenir qu’une plaie, outragée par la solitude et le sort réservé aux siens. La seconde partie sombre un peu dans la redondance, mais reste captivante grâce à la performance de son acteur principal.
A l’indifférence de Costa-Gavras avec Amen, Polanski choisit de tout montrer, y compris le caractères individualiste des juifs dans le ghetto (un vieil homme affamé agresse une petite grand-mère pour une conserve). Aucun manichéisme dans Le pianiste : les Allemands ne sont pas tous des tortionnaires en puissance, les juifs ne sont exempts de tout reproche (certains enfilaient l’uniforme pour maintenir l’ordre à coup de matraque dans le ghetto).
Dans un documentaire de 40 minutes, le réalisateur revient justement sur la genèse de son film, explique son parti pris. Très bien conçu et d’une grande sincérité, il permet de déceler la part autobiographique de Polanski insérée dans son film.