Son nom restera éternellement lié à l’histoire du judaïsme et à la communauté juive de Montpellier. Un rabbin à « l’ancienne » – made in Tunis – que les générations d’aujourd’hui ont peu de chance de connaître. Affectueux, liant, il se souciait de chaque membre de sa communauté.
Le rabbin Haim Hania a su nous offrir un autre visage du judaïsme dans lequel la tradition, les traditions, occupent une place centrale sans déroger pourtant à la halaha qu’il maitrisait si bien, tout comme la tfila d’ailleurs.
Combien de garçons bar-mitzva sont devenus ses « poulains » et combien de « petites paraboles » ont illustré ses dvar torah dispensés dans les synagogues montpelliéraines. Combien de familles endeuillées consolées, combien de brith-milot réalisées avec à chaque fois la même émotion et un verre de boukha bokobsa pour aseptiser la petite intervention…
Je me souviens de cette nuit d’étude de chavouot à la synagogue Ben Zakai, qu’il animait de toute sa verve pour nous tenir réveillés, avec ses 40 années de plus, tout de même. Nous sombrions lentement mais surement dans un sommeil irrésistible quand tout à coup il s’écriât : RABOTAÏ ! il vous faut du carburant pour tenir jusqu’à l’aube. Et il nous sort de dessous la table une énorme bassine de fricassés pour nourrir régiment de tirailleurs tunisiens…
C’était ça le rabbin Haim Hania, les poulets abattus la veille de kippour dans la cour de la communauté, la surveillance des boucheries cachères, les tehilim lus tard dans la nuit pour accompagner les défunts et faire plaisir aux familles. Un don de soi, une disponibilité, une polyvalence, trois valeurs qui se font plutôt rares aujourd’hui et que les fidèles regrettent, comme ils regretteront la perte d’un rabbin pas tout à fait comme les autres. Une pensée pour toute sa famille, nos amis, en particulier Dan qui a hérité de toutes les qualités de son papa zal.
Barouh Dayan Aemet – le rabbin kn Haim Hania sera enterré selon son souhait, cette semaine à Ashdod en Israël.
Michel ATTALI