Son sourire et sa bonhommie inspiraient confiance, et dès ses premiers mots prononcés, on comprenait que ses origines se situaient plus du côté de la Tunisie que d’un autre pays du Maghreb.
Le Rav Haïm Hania (Z’’L) était en rondeurs, tant de par son allure que la forme de ses propos. Un jour alors qu’il faisait ses courses à la coopérative cacher, un malotru eut l’outrecuidance de dire en sa présence qu’il ne comprenait pas ce qu’il y avait de si délicieux dans l’ardam hout, les œufs de poissons séchés si chers aux papilles tunisiennes. Le Rav invita gentiment le quidam à aller se laver la bouche avec de l’eau de rose avant toute critique sur ce met de roi.
De la rondeur, il y en avait aussi dans les dvar Thora qu’il faisait régulièrement à la synagogue Benzakaï et par la suite à la synagogue Habad de Montpellier. Son esprit affûté s’évertuait à trouver et à expliquer les finesses de la Paracha au travers de paraboles dont il avait le secret. Il savait, à sa manière, conquérir un public grâce à la force de son propos agrémenté d’un roulement des r qui lui était particulier .
On le croisait régulièrement sur le marché où il aimait faire ses courses notamment pour les fêtes et le Chabbat. Comme il ne conduisait pas, il arrivait souvent qu’il demande à quelqu’un de la Communauté s’il était possible de le raccompagner chez lui.
Il œuvrait également à la construction de la Soukkah chaque année. En ces temps, il n’y avait pas de rouleau de branchages tout fait comme on peut en trouver actuellement. Il demandait donc à une personne de sa connaissance de bien vouloir l’aider à couper et transporter en voiture les roseaux qu’il trouvait en abondance dans le quartier des Aubes.
Le Rav Hania était Mohel et bon nombre de petits garçons montpelliérains ont été circoncis par lui. Il était également Chohet et un jour qu’il abattait des pigeons, il demanda s’il était possible qu’on lui en donne un afin de fêter comme il se doit la Séoudat Ytro, la fête des garçons, si chère aux cœurs des Tunisiens.
Et comme il s’investissait dans chaque fête de la vie juive, il confectionnait à la main des boulettes d’harosset qu’il distribuait généreusement avant Pessah.
Le Rav Haïm Hania repose désormais à Ashdod. Puisse t-il, d’où il est, prier pour nous comme il l’a toujours fait.
Jean François GAMBA