Paracha de Chela’h Lékh

La faute des  »explorateurs » des temps modernes

Il n’a jamais été facile d’être un juif, particulièrement pour celui qui vit en Erets Israël. Le retour dans le pays de nos ancêtres a été accompagné de guerres et d’attentats qui ont causé de grosses pertes en vies humaines. Dernièrement, après un an d’épidémie du Covid-19, Israël semblait pouvoir enfin reprendre une vie normale, et voilà que des événements tragiques se sont succédés : les accidents de Méron et de Guiv’at Zéèv, et les milliers de roquettes lancées par le ‘Hamas réveillant parallèlement chez la population arabe des émeutes et des actes de lynchage dans tout le pays. Rajoutons à la toile la mauvaise foi des Nations qui substituent l’agressé (Israël) avec l’agresseur (le ‘Hamas), et nous obtenons le ring sur lequel les habitants de Tsion doivent se tenir debout sans flancher.

Après ces évènements, Israël se préoccupe de panser ses plaies tant physiques que morales, car il est indéniable que ces expériences sont traumatisantes et laissent leurs traces bien profondément sur l’être. Des proches qui ont disparu, les sirènes provoquant la panique, les bruits des roquettes s’écrasant à proximité, la peur dans les rues, surtout celles qui abritent une population mixte peuvent ébranler tout un chacun, en particulier les enfants qui ont tant besoin d’être rassurés et réconfortés.

Mais il est un autre domaine pas moins important dont il faut se préoccuper : ce sont les questions existentielles et de Emouna (foi) que ces expériences véhiculent. On s’interroge sur le pourquoi de la haine des Nations, sur les rapports houleux d’Israël avec la descendance d’Ichmaël en Israël, sur le sens de la vie et de l’Histoire, sur la particularité du destin des Juifs, sur la question du Tsadik qui souffre, sur ce que D.ieu attend de nous présentement, sur quelles fautes faire Téchouva, etc. Nous sommes tous à l’affût des paroles de nos grands Rabbanim qui dirigent notre génération, car on comprend bien que c’est uniquement par le Ciel que viendra la délivrance.

Par contre, les politiciens et les médias recherchent les raisons qui ont provoqué les accidents et les émeutes. Ils essayent de comprendre la position ambigüe de Biden, quel événement ou discours aurait ouvert la porte à la querelle, quelle doit être l’attitude préconisée envers la population israélienne arabe et on spécule aussi sur les éventuels accords avec les partis arabes… Bref, c’est ce que l’on a l’habitude de faire devant ce genre de situations dans d’autres parties du globe. Mais ces réflexions en définitif ne servent pas à grand-chose tant que l’on fait abstraction des considérations spirituelles.

En fait, on peut expliquer que ce genre d’approche constitue la faute des Explorateurs, rapportée dans notre Paracha de Chela’h Lékha. Lorsqu’ils arrivent en Canaan, les Explorateurs découvrent en effet des phénomènes étranges : beaucoup d’enterrements, des fruits énormes, des habitants géants, des villes fortifiées… Ils tirent les conclusions qui “s’imposent”, telles qu’on les enseigne dans les grandes académies de science-politique. “Cette terre tue ses habitants ! Nous n’avons aucune chance face à ces créatures monstrueuses !”. Leur analyse aurait peut-être été juste dans d’autres contrées de la terre et pour d’autres peuples, mais lorsqu’il s’agit des Juifs et de la conquête de la terre promise, il en est tout autrement : si l’Eternel assure que ce pays est bon et que les Bné Israël allaient en hériter, ils se devaient d’y croire et de ne pas s’inquiéter.

Aujourd’hui, nous n’avons pas de prophète pour connaitre la volonté de D.ieu, mais il est certain que le destin du juif suit d’autres considérations que celles des Nations, comme on en a fait l’expérience depuis trois millénaires. La soumission à la Torah est notre unique garantie de pouvoir résider en terre sainte, et c’est par la prière, la Téchouva, l’étude de la Torah et les actes de bonté que l’on connaitra la paix dans cette parcelle de terre tant convoitée.

Rav Daniel SCEMAMA – © Torah-Box