Parachat Chemot

« Et ils rendirent leur vie amère …tout le labeur auquel ils (les Bné Israël)  furent astreints fut un labeur écrasant ». Qu’est-ce qu’un « labeur écrasant » ? Maïmonide le définit comme un « travail qui n’a pas de limite et pas de but ». Les Égyptiens leur attribuaient les tâches qui convenaient le moins à leurs aptitudes respectives et détruisaient sans cesse ce qu’ils avaient construit pour le leur faire refaire. 

Aujourd’hui, notre monde est arrivé au point où des personnes se soumettent volontairement à un travail qui n’a ni but ni limites : un travail qui déborde les heures de bureau pour envahir chaque moment et chaque pensée de la journée, un travail qui n’est pas un moyen de gagner sa vie, mais une « carrière », une mission qui s’autojustifie et qui devient elle-même sa propre fin et son propre objectif. 

Par nature, notre être physique est fini et pragmatique. Dès lors, qu’est-ce qui le dirige et le soutient dans un tel travail illimité ?  

Un tel investissement de soi provient de l’étincelle de divinité qui est l’essence de l’âme de l’homme. Seule l’âme, sous-tendue par l’infinité de sa source divine, peut manifester une telle vigueur et peut être la force motrice d’un travail qui n’a « ni limites, ni objet ». 

L’âme de l’homme est donc sujette au galout (exil) à l’intérieur d’un galout. Non seulement est-elle restreinte dans l’être et le monde matériels, mais encore souffre-t-elle du détournement de ses forces profondes pour diriger les œuvres matérielles du moi physique.  

La route pour sortir de cet esclavage passe par le Sinaï. 

La Torah régule notre implication dans le monde matériel. Elle nous enseigne que nous pouvons – et devons – travailler pendant les six jours de la semaine, mais que le septième jour, nous devons nous pénétrer d’un état d’esprit dans lequel « tout ton travail est accompli ».  

La Torah insiste sur le fait que toutes les aspirations matérielles ne doivent être seulement un moyen, seulement un réceptacle pour recevoir les bénédictions divines. 

En restreignant ainsi notre vie matérielle, la Torah libère notre âme. En limitant l’étendue et la nature de nos implications matérielles, la Torah délivre notre capacité d’engagement illimité de son exil matériel, lui permettant de suivre son cours naturel : servir D.ieu d’une manière qui soit « sans limites et sans but », au sens positif : d’une manière qui transcende les paramètres du moi, de l’égocentrisme et notre idée même de la réussite.