« Et la vie de Sarah fut de cent ans et vingt ans et sept ans. »

La Torah évoque la beauté de Sarah en ces termes « Et la vie de Sarah fut de cent ans et vingt ans et sept ans. » Remarquez comment son âge est rapporté de manière fragmentée et répétitive. Le Midrache explique : quand elle avait vingt ans, elle avait conservé la beauté d’une enfant de sept ans, et quand elle atteignit l’âge de cent ans, elle était aussi innocente du péché que lorsqu’elle avait vingt ans. Dans son récapitulatif de la vie de Sarah, la Torah nous dit deux choses : qu’elle était belle et qu’elle avait un caractère parfait. Et elle nous présente ces deux grandes qualités juxtaposées.

Le message est évidemment ici que Sarah était aussi belle intérieurement qu’extérieurement et, qui plus est, que chez elle l’intérieur et l’extérieur étaient interdépendants. Son visage était un tableau transparent d’où émanait son rayonnement intérieur.

La philosophie hassidique décrit trois façons dont le corps et l’âme peuvent interagir :

L’âme peut tenter d’atténuer les pulsions du corps. Les choses qui ont un bel aspect, qui ont bon goût et qui font plaisir sont stimulantes et addictives. Chez la plupart d’entre nous, c’est le corps qui tient les commandes. L’âme n’est tout simplement pas de taille à rivaliser. Alors, elle tente de négocier raisonnablement, et encourage la modération.

Deuxième possibilité, l’âme peut choisir de rejeter le corps et d’avoir en horreur toute chose qui relève du matérialisme. La personne mue par son âme se rebelle alors contre la superficialité et la fausseté de la société. La simplicité et l’ascétisme deviennent les buts ultimes de l’âme.

Le troisième scénario n’est pas un compromis entre les deux premiers. C’est une approche entièrement nouvelle dans laquelle le corps et l’âme apprennent à travailler ensemble. L’âme ne penche pas en faveur du corps et ne le rejette pas non plus. Elle n’est pas dans la réaction, mais dirigeant et canalisant les penchants corporels de manière constructive. Dans cette dernière approche, au lieu de réprimer les besoins du corps, l’âme les considère comme l’occasion de servir D.ieu d’une toute nouvelle façon. Une maison habilement décorée créera l’ambiance qui convient au repas de Chabbat. Et l’habillement sera une puissante expression de la dignité de l’âme qui réside à l’intérieur du corps. Lorsqu’ils travaillent en équipe, l’âme est consciente que le corps est un précieux instrument pour son travail ici-bas. Et, en tant que tel, le corps a besoin d’être respecté et maintenu en bon état.

Lorsque les aspirations du corps ne sont plus une fin en soi mais rentrent au service du bien, le corps et l’âme peuvent travailler ensemble comme la main et le gant. L’apparence physique d’une personne exprime alors sa grandeur d’âme. Le panim (le visage) devient une expression de la pnimiyout (le caractère intérieur).

Sarah maîtrisait cet art. Elle est considérée comme ayant été l’une des plus belles femmes de tous les temps. Tout comme l’âme ne vieillit pas, la beauté de Sarah se conserva même dans sa vieillesse. Sa beauté était celle d’un corps et d’une âme fonctionnant en harmonie et dans le respect mutuel. Et c’est pourquoi la dernière louange que la Torah fait d’elle évoque sa beauté physique.