Servir D.ieu signifie-t-il qu’il faille Lui sacrifier sa vie ? Est-ce devenir une personne que l’on n’est pas réellement ? Est-ce effacer complètement sa personnalité ?
Dans le livre de Vayikra, nous pénétrons dans le monde du grand Autel du Temple là où les Juifs apportaient des sacrifices animaux pour faire expier leurs péchés.
Le Ramban nous dit que lorsqu’une personne devait apporter un korban (un sacrifice animal), « cette personne devait considérer que ce qui arrivait à l’animal aurait dû lui arriver à elle. » D.ieu, dans Sa grande miséricorde, nous a donné une alternative : nous pouvons être substitués par un animal, lequel subira à notre place ce processus.
Dans un monde sans Temple, il nous faut nous pencher un peu plus profondément sur la relation entre ces sacrifices et notre vie contemporaine.
Il existe deux forces opposées en chacun de nous : une force qui désire les plaisirs matériels et une force qui aspire à la spiritualité et à la Divinité. En termes simples, notre quête de sens et notre aspiration à servir D.ieu sont en conflit constant avec « l’animal » qui est en nous, cette partie de nous-mêmes qui préférerait s’adonner à nos passions égocentriques. La centralité des sacrifices animaux dans le Temple reflète l’essence de notre mission divine : soumettre l’animal qui est en nous à D.ieu.
Nous offrir nous-mêmes, offrir l’animal qui est en nous, à D.ieu, est la pierre angulaire de tout le Judaïsme. Mais comment l’accomplir ? Faut-il écraser nos passions et nos plaisirs animaux et vivre une obscure vie de privations et de misère ? La réponse à cette question réside dans la racine du mot korban. Bien que ce mot soit communément traduit par « sacrifice », son sens véritable vient de sa racine kirouv qui signifie « rapprocher ».
Nous faisons de nous-mêmes un korban en « rapprochant » de D.ieu l’essence même de l’animal qui est en nous. Nous ne l’annihilons pas, nous l’utilisons pour nous aider à nous rapprocher du divin, et du but essentiel pour lequel nous avons été créés. Un animal ne peut se comporter autrement que de la façon dont D.ieu l’a créé. Les taureaux sont agressifs, les agneaux sont hédonistes et les chèvres têtues. Mais l’animal en nous a le choix. Nous pouvons être un « bœuf » odieux, ou bien nous pouvons canaliser nos passions dans un puissant amour pour D.ieu. Nous pouvons nous adonner à une recherche des plaisirs digne des moutons ou trouver du plaisir à aider les autres et à vivre une vie pleine de sens.
Au cœur de chaque force agissante dans notre vie – même de celles qui ont une expression négative – réside une essence qui peut être dirigée vers une cause constructive et divine. Ce que nous « sacrifions » effectivement est l’objet de nos désirs, les attitudes immatures ou mesquines que nous affichons, notre ignorance et nos faiblesses – de sorte que notre véritable nature puisse émerger.
Devrions-nous « renoncer » à la vie pour D.ieu ? Certainement pas ! Ça, c’est un sacrifice. Nous ne devons pas renoncer aux talents et aux aptitudes que D.ieu nous a donnés, nous devons les rapprocher de leur quintessence, devenir une personne qui n’avance plus parmi les animaux, mais main dans la main avec D.ieu.
(Adapté d’un commentaire du rav Simon Jacobson)