Comme la Torah nous le raconte, pendant les 86 dernières années de cette période, ils furent soumis par les Égyptiens à des travaux forcés constituant principalement en la fabrication de briques.
Pourquoi des briques ? Si c’est dans les fours à briques de l’Égypte que nous fûmes forgés en tant que nation, c’est le signe que la brique est intrinsèquement liée à notre mission dans la vie.
L’être humain est un constructeur. Certains construisent des structures : des maisons, des villes, des routes, des machines. D’autres s’engagent dans un type de construction plus métaphysique, structurant des mots, des pigments ou des sons de manière qu’ils se chargent d’idées ou de sentiments. Et chacun de nous construit une vie, prenant des matériaux dans son environnement, sa société et sa propre psyché pour en faire un édifice qui remplit une certaine fonction et sert un certain but.
Étant doté du libre arbitre par son Créateur, chacun peut choisir que ce but soit matériel ou spirituel, égoïste ou altruiste, positif ou négatif ; ou bien on peut choisir de construire ce que le Midrash appelle « une demeure pour D.ieu » en consacrant notre vie à l’accomplissement de Sa volonté telle qu’elle est révélée dans la Torah.
Les matériaux que nous utilisons se répartissent en deux catégories générales : ceux donnés par D.ieu et ceux d’origine humaine. Beaucoup des « matériaux » à partir desquels nous bâtissons nos vies étaient déjà là quand nous sommes apparus, ou bien ils contenaient déjà leur potentiel qui n’attendait que d’être découvert et réalisé. Mais D.ieu nous a donné le pouvoir de faire bien plus que de simplement développer Son monde. Désireux que nous devenions Ses « partenaires dans la création », Il nous a donné la possibilité de créer un potentiel là où il n’y a pas de potentiel.
C’est là le sens profond des briques que nous fabriquions alors que nous devenions un peuple.
La
« pierre » représente les matériaux que D.ieu nous procure pour
construire nos vies. Non pas que l’homme n’ait pas besoin de labeur ; la
pierre doit être extraite de la montagne, transportée, taillée en forme
et mise en place avec beaucoup d’autres pour qu’un bâtiment s’élève.
Mais la pierre est déjà présente, solide et apte à la tâche, n’attendant
que d’être traitée. Dans nos vies personnelles, cela représente les
éléments qui sont naturellement qualifiés pour faire partie d’une «
demeure pour D.ieu » et se prêtent à cette fin : ce sont nos bons traits
de caractère, les temps et les lieux sacrés de la création (par
exemple, les 24 heures du Chabbat, la Terre Sainte), les objets et les
forces désignées pour l’accomplissement d’une mitsva (par exemple un
rouleau de la Torah, une paire de téfilines).
Et
puis il y a les éléments qui sont à l’image de l’argile brute : nos
instincts égoïstes et animaux, et un monde matériel qui voile la vérité
de son Créateur. Ce sont les éléments qui sont par nature défavorables,
voire opposés, à tout ce qui est bon et divin. Pour incorporer ces
éléments à la demeure pour D.ieu que nous faisons de nos vies, nous
devons au préalable en faire des briques : les pétrir et les modeler en
une forme qu’ils n’ont jamais connue et les cuire dans le four du
sacrifice de soi et de l’amour de D.ieu jusqu’à ce qu’ils deviennent
aussi solides et résistants que les pierres sacrées de notre édifice.