Session musicale cette semaine avec un des trésors de la musique juive que l’on doit à …. Sarah Iancu, montpelliéraine, née dans l’illustre famille Iancu.
Carol, son père, est professeur émérite d’histoire contemporaine à l’Université Paul Valéry, Danièle Agou-Iancu, sa mère, est directrice de recherche émérite au CNRS, son frère, Michael, est docteur en histoire et directeur de l’Institut Maïmonide, Averroès, Thomas d’Aquin…. Et Sarah est violoncelle solo de l’orchestre national du Capitole de Toulouse !
Elle a fait paraître récemment un enregistrement de mélodies hébraïques (édité sous l’égide de l’Institut Européen des Musiques Juives), dans lequel elle présente bien sûr les grands classiques comme les Mélodies hébraïques de Ravel, des œuvres de Bloch, de Chostakovitch ou le Kol Nidre de Bruch, mais aussi des œuvres rarissimes comme les mélodies de Fernand Halphen, Simon Laks, Viktor Ullmann, Joachim Stutschewszky et Joaquin Nin-Culmell, dont elle a retrouvé les partitions et que l’on écoute avec bonheur.
On découvre ainsi grâce à elle des destins particuliers, comme celui de Léon Algazi, né en 1890 en Roumanie, élève de Schönberg et Hans Eisler, et qui fut nommé rabbin en 1922. Puis il devient chef d’orchestre du théâtre juif de Vienne avant de venir vivre à Paris en 1924. C’est lui qui a créé l’émission radiophonique « la voix d’Israël », avant de devenir chef de choeur de la synagogue de la Victoire. Sarah interprète deux de ses plus belles mélodies, accompagnée, comme tout au long du CD, par son « vieux complice », le pianiste David Bismuth.
Admise au Conservatoire national de musique de Paris dans la classe de Roland Pidoux, Sarah Iancu a obtenu un 1er Prix de violoncelle à l’unanimité et un 1er Prix de musique de chambre dans la classe d’Alain Meunier. En 1997, elle est lauréate du Concours international Rostropovitch : Prix du Fonds Instrumental Français. Elle gagne le Premier Prix Valentino Bucchi à Rome et celui du Tournoi de musique à Bari ; elle est également lauréate des Jeunesses Musicales Romania à Bucarest. Choisie par Le Monde de la Musique comme «l’une des meilleures violoncellistes de sa génération », Sarah Iancu est nommée violoncelle solo de l’Orchestre national du Capitole de Toulouse en 2002, sous la direction de Michel Plasson. Elle poursuit parallèlement une riche activité de musique de chambre : régulièrement en duo avec David Bismuth, elle joue aussi aux côtés de Sonia Wieder-Atherton, et participe à son dernier disque Monteverdi-Scelsi: Vita, paru chez Naïve. Sa connaissance et son attrait pour la culture juive l’amène à jouer régulièrement en concert ce programme de musiques juives. Depuis 2015, Sarah Iancu est professeur de violoncelle à l’Institut supérieur des arts de Toulouse.
Admirablement servi par Sarah Iancu (violoncelle) et David Bismuth (piano), ce CD regroupe 30 mélodies inspirées de thèmes liturgiques, hassidiques, yiddish et judéo-espagnols : du célèbre Kaddish de Ravel au Kol Nidrei de Max Bruch, du cycle De la vie juive d’Ernest Bloch aux Chants populaires hébraïques de Darius Milhaud, en passant par des œuvres moins connues mais tout aussi belles de Joseph Achron, Léon Algazi, Charles-Valentin Alkan, Fernand Halphen, Simon Laks, Joaquin Nin-Culmell, Dimitri Chostakovitch, Joachim Stutschewsky ou encore Viktor Ullmann. Grâce à cette sublime interprétation, on peut voir combien le violoncelle se prête parfaitement à la symbolique juive, comment il se transforme en chantre de la synagogue, si proche de la voix humaine.
Un disque magnifique et sensible, qui ouvre avec bonheur une nouvelle collection consacrée à la musique juive classique… On attend avec impatience le numéro 2