Quelle est la raison de l’immense joie de cette fête ?

De prime abord, la fête de Soukkot présente un aspect assez étrange. Toutes les autres fêtes célèbrent un événement majeur qui a sauvé le peuple juif d’un grave danger (comme à Pessa’h, à Hanoukka ou à Pourim) ou qui a changé le cours de l’histoire juive (comme le pardon que D.ieu accorda aux Israélites à Yom Kippour ou le don de la Torah à Chavouot), alors que Soukkot ne célèbre qu’un miracle relativement « mineur », celui des nuées de gloire qui entouraient miraculeusement les Juifs pendant leurs quarante années dans le désert. Au cours de cette même période, les Juifs furent aussi les bénéficiaires de deux autres miracles, celui de la manne et celui de l’eau produite par le rocher, le « puits de Myriam ». Pourtant, bien que ces deux miracles aient sans doute été bien plus importants que celui des Nuées de Gloire, ils n’ont pas donné lieu à des fêtes. 

De plus, Soukkot n’est pas « une fête parmi les autres ». Elle est la plus joyeuse des Trois Fêtes bibliquement prescrites. Dans les prières des fêtes, chacune de celles-ci est désignée par un « titre » qui la décrit : Pessa’h est la « Saison de notre libération », Chavouot est la « Saison du Don de notre Torah », mais Soukkot est simplement décrite comme la « Saison de notre réjouissance » ! Mais pourquoi ? Quelle est la raison de l’immense joie de cette fête ? 

Paradoxalement, le secret de Soukkot semble être son absence de grand miracle. Tous les miracles (ou toutes les réalisations personnelles) sont limités d’une manière ou d’une autre, ce qui entraîne que la joie qui en résulte est également limitée. La joie est limitée par la portée du miracle ou de l’accomplissement, et lorsque les effets du miracle ou de l’accomplissement se dissipent, la joie devient une chose du passé.  

Par exemple : à Pessa’h, nous célébrons notre liberté. Certes, nous fûmes libérés, mais tant d’entre nous sont toujours horriblement asservis, à nos emplois, à la pression de nos pairs et (par-dessus tout) à nos pulsions et nos caprices. À Chavouot, nous avons reçu ​​la Torah, mais avons-nous profité pleinement de ce magnifique don de D.ieu ? 

Le vrai bonheur vient de ce que chaque Juif possède intrinsèquement : une relation personnelle avec D.ieu. Cette relation découle de l’âme divine que chaque Juif possède et qui, il faut l’espérer, s’est révélée à Roch Hachana et à Yom Kippour. La conscience que, quel que puisse être l’état spirituel d’un Juif, cette relation est toujours là (car après tout, un fils ou une fille continue d’être un fils ou une fille, même si il ou elle ne se conforme pas exactement aux souhaits de ses parents), déclenche une joie incroyable. Quoi qu’il arrive, vous êtes connecté à D.ieu, et vous être vraiment important pour Lui ! 

Ainsi, à Soukkot, nous quittons la sécurité et le confort de nos foyers, en reconnaissant que le vrai bonheur ne vient pas de nos maisons joliment décorées, de notre mobilier design ou de n’importe lequel de nos biens ou de nos accomplissements. Nous sortons dans la Soukka, que le Zohar nomme « l’Ombrage de la Foi », et nous nous concentrons sur notre bien le plus précieux : notre âme divine et notre relation spéciale avec D.ieu. 

(Rav Naftali Silberberg)