Un espace dans l’espace

« [Jacob] atteint l’endroit… » (Genèse 28, 10)
En chemin pour ́Haran, fuyant son frère Essav qui souhaite le tuer, Yaacov atteint
brutalement un endroit mystérieux qui semble pourtant familier…
Ce lieu est désigné par le terme « Makom », un espace, un lieu en hébreu. D’un point de
vue étymologique, ce mot se rapproche de « Kiyoum » qui signifie l’existence… C’est ainsi
que le Maxime des pères (Ch. 4, michna 3) nous enseigne : « Il n’y a aucun élément existant
qui n’est pas son endroit. »
Le Maïmonide (Yessodei Hatorah Ch. 1) propose de définir comme fondement de l’existence
divine, la connaissance qu’il existe un Être Primaire qui a créé toute existence… à partir de
la « vérité de son être. »
Il est intéressant de constater que le terme « Makom » a pour valeur numérique 186. Le
Tétragramme du nom divin, lorsque chaque lettre est multipliée par elle-même, est
également de 186.
Dieu est d’ailleurs souvent nommé par le terme Makom. Baroukh Hamakom… Il est celui qui
n’a pas d’espace mais qui est Lui-même le lieu de l’existence.
À propos de l’homicide involontaire, la Thora invite le meurtrier présumé à fuir en ville de
refuge. « Je désignerai un Makom où il pourra trouver refuge ». ( Exode 21, 13)
Le meurtre arrache l’espace vital d’une personne, son existence lui est ôtée. La sentence
est de s’enfuir dans un lieu désigné qui pourrait contenir le meurtrier…
Cet endroit que Yaacov a atteint n’est autre que le temple de Dieu… Ainsi s’exclamât il en
s’éveillant de son songe.
Un lieu saint qui contient à la fois le tout et le rien. L’inatteignable et l’accessible.
Un endroit où l’on peut passer à côté sans s’en apercevoir mais que l’on peut brutalement
atteindre…
Chabat chalom
Rabbin Daniel Knafo