Voilà trente-quatre ans que Yaacov est séparé de
sa famille mais la haine de son frère Essav est pourtant exacerbée…
Conscient du sentiment de vengeance qui anime son frère, Yaacov va se préparer stratégiquement à leur retrouvailles.
La Torah nous décrit les multiples présents qu’il envoie à Essav avant cette rencontre et l’attitude qu’il adopte où il semble s’humilier…
Son attitude est plus que surprenante, doit-on y entrevoir un manque de confiance en Dieu ?
La nuit qui précède ces retrouvailles, Yaacov se bat avec un homme mystérieux et au terme de cet affrontement, ressortant boiteux, Yaacov demande à cet anonyme de le bénir. Ce dernier acceptera difficilement de lui changer son nom en Israël… Si, ce combat est une lutte sans victoire pour l’un comme pour l’autre, la puissance de Yaacov est pourtant établie car son nom symbolise le fait qu’il a vaincu des hommes, Lavan et Essav.
Dans ce cas, il est légitime de se demander pourquoi craint-il son frère, lui qui a été capable d’affronter un ange et qui en ressort plus fort ?
L’attitude de Yaacov laisse transparaître un problème de conscience. Il sait pertinemment qu’il s’est substitué à son frère pour obtenir la bénédiction et cette culpabilité le conduit à faire preuve d’une grande révérence.
La peur de Yaacov n’est pas celle d’une faiblesse ni celle d’un manque de confiance en Dieu mais une « mauvaise conscience ».
Le lapsus est d’ailleurs pressenti, Yaacov dira à Essav : « Prends, je t’en prie, ma bénédiction que je te fais apporter ». ( Genèse 33, 11)
Son inconscient remplace l’offrande, le cadeau par la bénédiction qui n’est autre que l’objet de leur dispute.
Cette offrande qui vient laver la conscience de Yaacov lui a permis de se débarrasser et de dépasser les ressentiments et ainsi se libérer de sa « culpabilité ».
Chabat Chalom
Rabbin Daniel Knafo