Une hospitalité démesurée…

« Dieu se révéla à lui (Avraham) dans les plaines de Mamré, tandis qu’il était assis à la porte
de la tente, pendant la chaleur du jour. » (Genèse 18, 1)
La teneur de cette révélation n’est pas mentionnée dans la suite du récit… Elle est
apparemment interrompue par l’arrivée des trois invités.
Avraham incarne le principe même de l’hospitalité. Sa maison était construite avec des
ouvertures aux quatre directions pour faciliter aux voyageurs l’entrée chez lui.
Avraham est âgé et vient d’être circoncis. Nous pouvons imaginer la douleur et la gêne
malgré le bonheur d’être entré dans l’alliance avec l’Eternel. Les conditions météorologiques
lui sont défavorables, Dieu a fait sortir un soleil ardent décourageant les hommes de
s’aventurer dehors…
Souffrant moins de cette « opération » sur sa chair que cette impossibilité de réaliser la
mitsva d’hospitalité, Dieu est alors « contraint » de lui envoyer trois hommes auprès de qui il
se précipite pour leur offrir le gîte. Sarah, quant à elle, se hâte pour préparer à manger aux
invités et tout ce qu’ils font pour leurs invités, ils l’accomplissent avec empressement et
envie. Toutefois, cette attitude interroge : doit-on accueillir tout le monde ? Peut-on accueillir
au péril de notre vie ?
L’attitude d’Avraham semble transparaître une inquiétude quant au fait d’être capable
d’atteindre la perfection spirituelle absolue et de rester, en même temps, sensible aux
besoins et aux réalités matérielles des être simple.
Il craignait fortement que la circoncision, qui l’a projeté dans les hauteurs spirituelles, avait
rendue invisible les gens simples chargés de leur besogne.
Ayant compris ses inquiétudes concernant la Brit mila, nous pouvons comprendre désormais
l’accueil, d’apparence excessive d’Avraham de la manière suivante. Après une matinée
d’attente frustrante et éprouvante, il vient de découvrir malgré l’alliance avec Dieu, malgré sa
spiritualité accrue il perçoit encore les gens ! C’est comme un jour de fête ! Il découvre donc
qu’il n’est pas en rupture avec les êtres humains.
Cependant, il n’est pas encore complètement rassuré… Peut-être les voient-ils mais sera-t-il
capable de sentir une compassion quelconque pour eux, saura-t-il les apprécier et les
considérer ? Il veut donc s’assurer qu’il est encore capable d’avoir le regard qui voit à
travers les êtres les plus primaires l’étincelle divine qui leur confère toujours la possibilité de
se révéler au plus haut rang. Avraham, dans sa perfection spirituelle absolue, veut et
parvient à continuer à voir « l’ange » chez les gens les plus simples.
Loin d’un récit biographique, la vie de nos patriarches sont des textes pédagogiques, un
enseignement pour nous aujourd’hui.
Chabat chalom
Rabbin Daniel Knafo