La prière juive la plus célèbre est le Chema. La première partie du Chema apparaît dans la Paracha de cette semaine (Deutéronome 6, 4-9).
C’est une mitsva de réciter le Chema le matin et le soir. Il apparaît également à plusieurs reprises dans les livres de prière. En dehors du Chema de la prière du soir (Arvit), on récite également cette prière avant de se coucher le soir. C’est l’un des tout premiers textes juifs enseignés au jeune enfant et c’est également celui que l’on fait prononcer à celui qui quitte ce monde.
La phrase clé de la première ligne du Chema est « D.ieu est Un ». Le Talmud indique qu’il faut prolonger la récitation du mot E’had : « un ». « Tout celui qui prolonge E’had voit ses jours prolongés. » Cela signifie qu’il faut penser, ou méditer, au sens profond du mot.
L’idée que « D.ieu est Un » ne signifie pas seulement qu’il y a un D.ieu, mais que D.ieu et la création tout entière forment l’unicité. Il n’y a rien sinon D.ieu. Rien n’existe en dehors de Lui : tout ce que nous percevons, chaque particule d’existence n’est rien sinon une manifestation voilée de D.ieu.
C’est pour cette raison que tout dans l’univers est totalement dépendant de D.ieu et ce, à chaque instant. D.ieu créa l’univers il y a bien longtemps, mais Il continue à maintenir son existence. Les Sages parlent d’un courant d’énergie émanant de l’essence infinie de D.ieu et permettant l’existence de l’univers. S’Il devait arrêter la force vitale qu’Il donne au monde, ne serait-ce qu’une seconde, toute existence s’interromprait. Comme l’exprime Maïmonide : D.ieu peut exister sans le monde, mais le monde ne peut exister sans D.ieu.
C’est avec cette idée en tête que l’on récite le Chema de tout son être.
Les lettres hébraïques possèdent des valeurs numériques qui nous aident à comprendre le sens de la Torah et des prières.
Le mot « un » du Chema, E’had, est constitué de trois lettres : Aleph, ‘Het et Dalet. Aleph qui a la valeur numérique de « un » se réfère à D.ieu Lui-même. ‘Het, dont la valeur numérique est « huit » évoque les sept cieux et la terre, c’est-à-dire le haut et le bas, le plan vertical, incluant toutes les dimensions spirituelles. La troisième lettre, le Dalet, dont la valeur est « quatre » indique les quatre directions du plan horizontal : le nord, le sud, l’est et l’ouest.
Nous pouvons désormais saisir ce à quoi le Talmud fait référence en nous indiquant de « prolonger » la prononciation du mot E’had. Cela signifie qu’il faut passer du temps à penser au sens du mot : au fait que le monde, dans toutes ses dimensions – le spirituel et le matériel, et partout dans le monde et dans tout l’univers physique – est une réelle expression de l’infinie unité de D.ieu.
Le peuple juif lui-même est décrit comme E’had, « Une nation dans le monde » Cela n’implique pas seulement que nous sommes uniques dans le monde, mais que nous sommes la nation qui communique à toute l’humanité le concept de l’unité de D.ieu. Bien plus, en observant les commandements de D.ieu dans notre vie quotidienne, nous faisons pénétrer l’Unité Divine dans le monde, dans chaque détail de notre existence matérielle. Et comme l’affirme le Talmud, D.ieu nous récompense en nous attribuant une vie longue et pleine de sens.
(Rav Tali Loewenthal)