Vayetsé

La paracha de cette semaine est pleine d’histoire de moutons : les moutons de Lavan et les moutons de Jacob, les moutons blancs, les moutons noirs etc. Jacob arrive à ‘Haran et la première chose qu’il rencontre ce sont plusieurs troupeaux de moutons rassemblés autour d’un puits scellé ; la deuxième chose qu’il voit, c’est sa future femme, Rachel – dont le nom signifie en hébreu « brebis » – gardant le troupeau de son père. Bientôt, Jacob devient lui-même berger, veillant à son troupeau de moutons, recevant un salaire en moutons, amassant une fortune grâce à ses moutons. 

Que devons-nous donc apprendre du fait que la nation d’Israël fut fondée dans un environnement tellement peuplé de moutons ? 

Le Midrach Rabba, évoque la voix de la communauté d’Israël, évoquant sa relation avec D.ieu. « Il est mon berger et je suis Son troupeau. Le même passage midrachique décrit également notre relation avec D.ieu en termes de celles d’un enfant avec son père, une sœur avec son frère, une fiancée avec son fiancé, un vignoble avec son gardien, entre autres. Chacune de ces métaphores exprime une facette différente de cette relation. 

Que représente la métaphore du troupeau et de son berger ? S’il s’agissait de souligner le fait que D.ieu pourvoit à nos besoins et nous protège, ou que nous Lui sommes soumis et dévoués, ces éléments existent également dans la relation entre un père et son enfant. Quel est l’aspect unique dans notre relation avec D.ieu qui ne peut s’exprimer qu’en nous décrivant comme Son troupeau de moutons ? 

Le trait dominant d’un mouton est sa docilité et son obéissance. L’enfant obéit à son père, mais le fait parce qu’il apprécie la grandeur de son père ; le mouton n’obéit pour aucune raison, c’est simplement sa nature profonde qui le pousse à cette obéissance. C’est cet élément dans notre relation avec D.ieu que représente le mouton : une soumission inconditionnelle qui n’a pas ses racines dans notre compréhension de Sa grandeur et nos sentiments à Son égard auquel cas elle serait définie par les limites de notre compréhension et de nos sentiments. 

La nation juive fut fondée au milieu des moutons parce que notre abnégation et notre obéissance inconditionnelle à D.ieu sont les fondements de notre Judaïsme. Bien sûr, nous ne sommes pas seulement le troupeau de D.ieu, nous sommes également Ses enfants, Son épouse, Sa sœur et Son vignoble. La Torah nous relate que lorsque Jacob quitta ‘Haran après vingt ans passés à être berger, sa richesse ne consistait pas seulement en moutons. Nous venons de lire que Lavan lui payait son salaire en moutons et que son troupeau se multipliait excessivement ; mais d’où lui venaient ses autres possessions ? Rachi explique qu’« il avait vendu ses moutons à un prix élevé et s’était acheté tout cela ». Spirituellement aussi, la « fortune » de Jacob ne consistait pas non plus uniquement en docilité et abnégation, mais incluait également sentiment et compréhension, courage et vigueur. Mais la source et la base de tout cela, c’était « ses moutons ». 

Être un Juif signifie étudier la sagesse divine, développer un amour passionné et une crainte révérencieuse pour D.ieu, enseigner Sa sagesse et mettre en pratique Sa volonté dans un monde souvent hostile, toutes choses qui requièrent l’utilisation optimale de nos capacités mentales et émotionnelles et toute notre détermination. Mais le fondement de tout, la base de laquelle tout découle et sur laquelle tout s’appuie, est notre simple engagement envers D.ieu – un engagement qui transcende la raison et l’émotion.