Vayichla’h

« Et [Jacob] se leva cette nuit-là, et il prit ses deux femmes, ses deux servantes et ses onze enfants et passa la rivière Jaboc. » — Genèse 32, 23 

« Mais où était Dinah la fille de Jacob ? Jacob l’avait caché afin qu’Ésaü ne puisse porter ses regards sur elle. C’est pourquoi il a été puni pour l’avoir ainsi refusée à son frère. [Car, s’il l’avait épousée,] peut-être l’aurait-elle ramené vers le bien – et elle est tombée par la suite entre les mains de Chekhem. » — commentaire de Rachi. 

Ésaü avait été élevé dans le foyer le plus idéal qu’on puisse imaginer. Ses premiers souvenirs d’enfance évoquaient une vie passée en présence de son illustre grand-père Abraham, l’archétype de la gentillesse et de la pureté, la vie du jeune homme se poursuivit en présence d’Isaac et de Rébecca et de son frère Jacob. Voir un tsadik ne serait-ce qu’une seule fois a un intense impact sur une personne, or Ésaü passa des décennies avec les trois Patriarches ! Il serait difficile de trouver quelqu’un dans l’histoire dont l’éducation pourrait rivaliser avec la sienne, et pourtant, celle-ci n’eut que très peu d’effet sur l’insensible Ésaü. 

Mais ce que ses parents et son frère, aussi saints qu’ils fussent, ne réussirent pas, il est probable que Dinah aurait pu l’accomplir. Bien qu’elle fût une très jeune fille, elle aurait pu motiver Ésaü – un homme possédant un immense potentiel irréalisé – à s’amender.  

Voilà une puissante démonstration de l’influence qu’une femme exerce dans son foyer. Nos Sages désignent la femme comme étant la « akéret habayit », le fondement du foyer, car c’est elle qui donne le ton de son foyer – non pas en prêchant ou en essayant de convaincre, mais en établissant l’environnement familial. 

Les parents jouent un rôle important dans la formation de la personnalité de leurs enfants. Ils sont leurs premiers modèles, leur enseignant à travers l’exemple plutôt que par endoctrinement. Les valeurs qui guident leurs vies demeureront toujours profondément ancrées dans la psyché de leurs enfants. Malgré cela, les enfants ont une propension naturelle à se rebeller, à explorer le monde tout seuls pour parvenir à se forger leur propre éthique et leurs propres valeurs. La tendance innée qu’ont les enfants de rejeter les conclusions auxquelles sont parvenues les générations précédentes permet au monde de progresser constamment et de découvrir de nouvelles « vérités » – dont beaucoup seront réfutées par les générations ultérieures –, mais également limite l’influence que la génération plus âgée exerce sur les plus jeunes. 

La plus grande influence est exercée par la femme qui fixe le ton de son foyer. Personne n’est hors d’atteinte de l’atmosphère qui règne dans sa propre maison. L’homme peut être plus volubile concernant son opinion, mais les valeurs qui dominent le foyer l’imprègneront petit à petit. 

À l’évidence, Dinah avait une âme d’une puissance extraordinaire, car il n’est certainement pas recommandé qu’une femme commune épouse un Ésaü pour le corriger ! Cependant, l’histoire de Dinah nous édifie sur le rôle gigantesque que joue chaque femme dans la formation des caractères des membres de sa maisonnée.